Le mot du président - 31 Jan 2020

Intervention de clôture d’Arnaud ROUSSEAU – Assemblée Générale de la FOP – Jeudi 30 janvier 2020 (Paris)

Madame la Présidente, Chère Christiane,

Monsieur le Représentant de la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises,

Monsieur le représentant de la Commission européenne,

Monsieur le Délégué général,

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Mes chers collègues du Conseil d’administration,

Mesdames et Messieurs les délégués départementaux,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est pour moi un vrai plaisir que de conclure, devant vous, l’Assemblée Générale de la FOP. Je tiens à vous remercier de votre présence nombreuse : elle souligne combien vous êtes attachés à la vie de notre filière, une filière au sein de laquelle la gouvernance agricole est ancrée, marquée et affirmée.

Mais avant d’y revenir, je voudrais aussi remercier tout spécialement l’équipe de la FOP qui a su relever l’engagement que j’avais pris devant vous de tenir notre Assemblée générale avant le 1er février. Rappelons-nous qu’elle aurait dû se tenir le 5 décembre dernier et qu’elle a dû être reportée du fait des mouvements sociaux. C’est donc en moins de deux mois que les équipes de la FOP ont réussi à organiser cette réunion … en plus du reste. Merci à eux.

Mesdames et Messieurs, je vous disais que votre présence marquait votre attachement à une filière au sein de laquelle la gouvernance agricole est profondément ancrés, marquée et affirmée. Ceci est à mes yeux tout particulièrement important car cet ancrage agricole donne sens à notre vision politique. Une vision politique qui n’est pas le fruit du hasard. Elle est le fruit de l’histoire. L’histoire de producteurs engagés et visionnaires qui ont toujours eu à cœur de relever les défis en comptant d’abord sur eux même, sur leur goût d’entreprendre ensemble, puis ensuite sur leurs partenaires.

Entreprendre, c’est s’inscrire dans une démarche où projet et progrès riment. C’est ainsi que la recherche et l’innovation, la science et la technique, la production et la valorisation de graines ont toujours été des axes essentiels de notre conception d’une démarche filière.

Ensemble, c’est s’inscrire dans une démarche collective. C’est constituer une équipe, une équipe qui fait bloc, qui agit et avance ensemble. Une équipe soucieuse de l’autre et où chacun à sa place. Une équipe empreinte de valeurs syndicales et engagé activement au sein de la FNSEA et de son réseau.

Entreprendre ensemble, c’est ce que font les administrateurs de la FOP au travers de leur implication dans les différentes organisations de notre filière ou dans l’exercice de leurs représentations extérieures. Je tiens à les remercier de leur implication à mes côtés pour vous représenter, faire entendre votre voix dans toutes les instances nationales ou européennes.

Je tiens aussi à rappeler qu’à la FOP, tous les administrateurs sont présentés par les FRSEA sur proposition des FDSEA ce qui leur donne une légitimité indiscutable. Ce sont bien les représentants des producteurs.

Des producteurs qui sont ancrés dans la réalité quotidienne de leurs territoires – et ce n’est pas tous les jours faciles en cette période où la violence contre notre profession devient malheureusement ordinaire : l’agribashing s’est banalisé, porté par des irresponsables souvent cachés derrière des pseudo et des écrans. De même, les intrusions dans les exploitations deviennent des faits d’armes alors qu’il s’agit d’un véritable viol de la propriété privée, fortement traumatisante pour les exploitants et leurs familles. Je me félicite de la mise en place de la cellule Demeter. Elle doit maintenant démontrer son efficacité.

Avoir le goût d’entreprendre, d’imaginer, d’innover, d’investir : voilà notre socle commun. C’est cet esprit d’initiative qui nous a fait comprendre qu’il fallait d’abord se structurer pour construire ensemble des filières capables de valoriser nos productions.

Se structurer, c’est réunir l’ensemble des opérateurs économiques pour examiner, au sein de l’interprofession Terres Univia, comment atteindre les objectifs politiques définis. Se structurer, c’est mutualiser des moyens financiers, les CVO, pour pouvoir investir dans la recherche, l’innovation, le développement.

Se structurer, c’est aussi avec Terres Inovia, expérimenter de nouveaux itinéraires techniques et modes de production, pour être toujours au plus près des réalités et attentes de nos concitoyens. Se structurer, c’est enfin agir avec le groupe Avril au travers d’investissements majoritaires et avec Sofiprotéol au travers d’investissements minoritaires.

Se structurer, c’est aussi promouvoir notre modèle de filière dans les différents pays avec lesquels nous avons des relations économiques et partenariales étroites. Tel est entre autres le rôle de la Fondation Avril et d’Agropol : promouvoir dans ces pays le développement des cultures oléagineuses et la structuration de filières pour rémunérer les producteurs et pérenniser leurs exploitations.

Mais se structurer n’est pas entrer dans une logique de structure. Bien au contraire, c’est rester ouvert aux évolutions du monde et aux attentes de nos compatriotes.

Ces attentes évoluent mais nos missions demeurent : nourrir les hommes bien sûr, mais aussi contribuer à la transition énergétique et offrir à la Ferme France les conditions de sa pérennité. Pour y parvenir, nous ne craignons pas de nous mettre en mouvement et de répondre aux nouvelles attentes en accompagnant l’ensemble des exploitations agricoles quel que soit leur choix d’entreprise. Il importe toutefois de dire que le temps de l’économie agricole qui suit le rythme des saisons n’est pas le même que celui de l’exigence sociétale qui suit l’effet de mode et l’immédiateté du « tout, tout de suite ». La transition ne peut pas se faire d’un claquement de doigt : faire évoluer un modèle économique, quel que soit le secteur, nécessite du temps, des moyens et de la recherche.

Aujourd’hui, nos productions apportent déjà de vraies réponses aux demandes de la collectivité. Nos cultures favorisent la biodiversité. Fortement mellifères, elles contribuent de façon prépondérante à l’alimentation des abeilles.

Elles sont sources d’énergies renouvelables et naturelles : les propos tenus par le Délégué Général de la FF3C illustrent la capacité de nos productions à contribuer à réduire les émissions de CO2 et de particules fines.

C’est aussi pour cela que les biocarburants intéressent l’industrie aéronautique : l’annonce récente d’une obligation d’incorporation de biocarburants à hauteur de 2% dans le kérosène en 2025, puis de 5% en 2030 et 50% en 2050 est une bonne nouvelle. A charge pour nous de veiller à ce que cela bénéficie à nos cultures.

Enfin, l’huile et les protéines végétales sont incontournables de tout régime alimentaire équilibré.

A la FOP, nous voulons répondre à ces attentes. Mais encore faut-il le pouvoir. Je veux parler maintenant de la nécessité d’accéder aux moyens et facteurs de production nécessaires.

Le premier concerne l’eau. Le réchauffement climatique est une réalité. Les épisodes de fortes sécheresse et canicule se multiplient. La question de la gestion de l’eau se pose. Nous devons pouvoir réaliser des bassins de stockage, des retenues collinaires car nous n’avons plus le droit de perdre l’eau. Les procédures doivent être simplifiées et les autorisations facilitées. Les Pouvoirs publics doivent comprendre que nous avons des intérêts communs et non divergents. Le second concerne les matières actives que les Pouvoirs publics nous retirent sans se soucier de leur impact économique dans nos exploitations et sans alternatives. Il nous faut garder des moyens de production. Je citerai ici des exemples précis.

Le premier concerne le Métalaxyl-M et le Phosmet. Ils sont dans le viseur avec toutes les conséquences sur les probables futures impasses en termes de lutte contre les ravageurs auxquelles nous conduirait une non ré-homologation. Le second concerne les SDHI qui sont l’objet d’un acharnement de la part des ONG au mépris de l’avis des experts et des scientifiques. A croire que dans notre pays, l’opinion publique connait tout sur tout et surtout bien mieux que les professionnels. Le troisième concerne les semences. Il en est ainsi VTH. Nous sommes dans une angoissante expectative à la suite de l’argumentaire développé par le Rapporteur public devant le Conseil d’Etat puisqu’il propose une définition très précise et restrictive des VTH autorisées ce qui exclut la mutagénèse ciblée et la mutagénèse aléatoire in vitro.

Or, nous refuser l’accès à ces pratiques va remettre en cause notre capacité à produire du tournesol dans certaines zones et à lutter contre l’ambroisie qui est pourtant un véritable fléau. Nous sommes d’autant plus inquiets que, derrière ce sujet, il y a celui de toute la recherche variétale qui est un de nos domaines d’excellence.

Depuis 2 – 3 ans, nos cultures de colza et tournesol enregistrent des baisses de surfaces et de production importantes. Cela est certes lié aux conditions climatiques difficiles mais aussi – et surtout – aux choix politiques qui nous privent de facteurs de production pourtant essentiels en nous retirant tout moyens de lutter contre les attaques de ravageurs et les maladies.

Ces baisses nous inquiètent et vont, si elles se poursuivent, nous conduire dans trois impasses majeures.

D’abord une impasse agronomique avec des difficultés de rotation et une spécialisation des cultures ce qui serait plus que dommageable, y compris en termes de biodiversité. Puis une impasse économique pour l’ensemble de notre filière qui a besoin d’une production importante pour faire fonctionner ses outils. Enfin une impasse sociétale car ne pas répondre aux attentes par une production française suffisante entrainerait mécaniquement le recours à l’importation de produits ne respectant ni nos règles, ni nos normes, ni les attentes et demandes des consommateurs en termes de qualité et de sécurité.

Voilà pourquoi maintenir une vraie capacité de production en nous donnant les moyens de le faire est une question de responsabilité politique et collective. Sans réalité économique, pas de transition environnementale, pas de réponse sociétale, pas de revenu, pas de paysan, pas de pays. Or c’est notre capacité à vivre de notre métier qui est aujourd’hui menacée par la montée en puissance des populismes écologiques. Il faut en effet distinguer les politiques environnementales durables et équilibrées qui sont facteurs de progrès d’une part et les extrémismes écologiques haineux et ruineux qui sont vecteurs de décroissance. A trop vouloir de précaution, on finit par ne plus vivre !

A la FOP, notre projet, c’est de porter une ambition pour notre filière. Cette ambition s’articule autour de quatre grandes orientations.

La première concerne la valorisation de nos productions.

Cette valorisation nous conduit d’abord à parler de notre plan de filière.

Ce plan a pour objectif de favoriser le « produire et transformer en France », de développer la « durabilité de nos productions et la bio-économie », d’améliorer la compétitivité de production à la distribution et d’associer tous les acteurs à cette démarche ambitieuse qui vise à accroitre significativement nos surfaces oléoprotéagineuses de 500 000 hectares supplémentaires pour atteindre 3 millions d’hectares.

Loin de le reprendre, je l’illustrerai par l’exemple de la filière soja qui est, pour moi, éclairant.

C’est la FOP, par le lobbying qu’elle a fait au niveau européen et national, qui a obtenu que le soja puisse être éligible aux dispositifs de soutien. A ce propos, je tiens à préciser que si la FOP bénéficie du principe des aides couplées, elle estime qu’il faut s’interroger sur sa finalité. Pour nous, l’aide couplée n’a de sens qu’en tant qu’effet levier pour impulser l’émergence d’une nouvelle filière. Ce ne peut être une aide au revenu pérenne. Le revenu doit venir de l’économique.

C’est dans cet esprit que Sofiprotéol a accompagné l’investissement dans des outils industriels comme Extrusel en Bourgogne ou Sojalim en Occitanie. Avoir avec nos partenaires des OS la maitrise de ces outils permet de garantir des débouchés à nos graines. Des graines dont nous voulons assurer la traçabilité pour rassurer les utilisateurs finaux. C’est dans cet esprit que nous avons défini une Charte – Soja de France – au niveau de l’interprofession. Cette traçabilité de produits issus de la ferme France, garanti sans OGM, est un gage de qualité et un élément différenciant sur le marché. Certes il a un coût mais, si nous voulons être responsable, soyons le jusqu’au bout : la qualité à un prix, tout comme la montée en gamme. Il revient donc au consommateur aussi de jouer le jeu et de devenir consom’acteur dans ses choix.

Je remercie les équipes d’Avril, de Terres Univia, d’avoir su, en lien avec la FOP, faire jouer les synergies entre les équipes et inscrire le développement du soja dans un cadre global de filière.

Ce plan toutefois suppose aussi un accompagnement des Pouvoirs publics dans le cadre du Grand plan d’investissement. Il serait temps que l’Etat se prononce car, mis à part, nous mettre à contribution, je ne sais pas ce qu’il entend faire !

La valorisation de nos productions implique aussi de parler du cycle de négociations annuelles avec la grande distribution. Cycle difficile et redouté et que la loi EGALIM n’a pas significativement amélioré.

Dans notre secteur, ces négociations commencent sur une demande de déflation. C’est inadmissible car, si tel était le résultat, il serait difficile de valoriser nos productions. Il importe là aussi que les Pouvoirs publics réagissent.

La seconde orientation est notre capacité à accompagner l’ambition de la Nation.

Le Président de la République a fait de la souveraineté protéinique nationale et européenne un enjeu majeur. C’était après notre AG de l’an passé au Salon de l’agriculture. Nous nous en sommes réjouis. Le Président l’a réaffirmé en conclusion du G7 de Biarritz.

Cette ambition, nous la partageons pleinement tant pour l’agriculture que pour les solutions qu’elle apporte à nos concitoyens en termes de modèle alimentaire, d’indépendance européenne et de synergies avec nos voisins africains.

C’est pourquoi nous avons défini avec les Présidents des différentes Associations spécialisées de la FNSEA concernées les grandes orientations du Plan protéines.. Ce cadrage politique a ensuite servi de ligne qu’ont eu à cœur de décliner, sous la coordination de notre Interprofession Terres Univia, les différentes interprofessions animales et végétales concernées.

Nous voulons en effet un Plan protéine qui soit concret, réel et ambitieux, prenant en compte les légumineuses et, plus largement, toutes les productions riches en protéines. Pourtant, en dépit des déclarations du Président de la République et de notre action, il ne s’est rien passé depuis bientôt un an.

Rien. Quand je dis rien, je ne parle pas de notre filière. Au contraire un travail que je n’hésite pas à qualifier de remarquable et colossal a été conduit, en partenariat avec tous les acteurs. Des propositions ont été faites tenant compte de l’ensemble des demandes tant du secteur animal que végétal. Elles ont été présentées au Ministre de l’agriculture le 24 juin dernier ou plutôt, elles ont été présentées à son cabinet car le Ministre était absent à la réunion qu’il avait organisée.

Quand je dis rien, c’est bien du côté du Ministère. Rien à l’exception de la présentation confidentielle à un public très large d’un premier projet de ce que pourrait être un futur projet dessinant les orientations que l’on pourrait avoir pour projet de discuter. Vous m’avez compris ; le compte n’y est pas.

Pourtant l’enjeu de la protéine est essentiel. C’est même l’un des grands dossiers majeurs de ce siècle, au même titre que l’eau ou l’énergie. Des projets existent. Avril va investir avec DSM pour reconvertir l’usine de Dieppe et voir comment utiliser la protéine de colza en alimentation humaine. Il s’agit d’une première mondiale – ce dont nous devons être légitimement fiers – peut-être n’est-ce pas suffisant pour susciter l’élan administratif voulu par le Chef de l’Etat. J’ai compris depuis hier soir que le Ministre s’était libéré du temps dans son agenda ; et bien concrétisons cette ambition. Faisons-le avant le Salon de l’Agriculture.

La troisième orientation est d’accompagner la transition énergétique.

Parce que nous inscrivons nos pas dans ceux de nos ainés, nous sommes des bâtisseurs de filière pour valoriser chacun des débouchés de nos productions. Nos productions ce sont des protéines et de l’huile et leur destin est lié.

C’est d’ailleurs pour valoriser l’huile que nous avons construit la filière Diester. Nous sommes fiers d’avoir su faire reconnaitre au niveau européen l’intérêt des biocarburants au travers des objectifs d’incorporation.

Nous sommes aussi fiers aujourd’hui de pouvoir participer activement au mixte énergétique tant attendu.

Mais surtout nous sommes fiers d’avoir su, dans cette filière aussi, assumer nos responsabilités. Nous nous inscrivons dans le temps long y compris lorsque la crise fait rage contre les biocarburants.

De ceci, je retire deux éléments :

Dans les moments difficiles, nous savons unir nos forces pour obtenir le maintien d’un taux d’incorporation mais aussi des mesures de protection européennes. Plutôt que d’agir dans la précipitation, nous avons inscrit notre réflexion sur l’optimisation de nos outils, aujourd’hui effective, dans le temps.

C’est aussi dans ces moments qu’il convient de poursuivre nos efforts d’innovation comme nous l’avons fait avec le développement d’Oléo 100. Un biocarburant dont l’essor auprès des collectivités locales et flottes captives s’affirme.

Je tiens ici à souligner le rôle des administrateurs de la FOP qui déploient la communication. Nous en attendons beaucoup. Soyons « moteurs » dans notre filière, à commencer par ceux qui possèdent des flottes de camions, je pense notamment aux OS.

La quatrième orientation est d’être à l’écoute des agriculteurs sur le terrain

Aujourd’hui, le numérique est incontournable dans notre vie quotidienne, sur nos exploitations. Le numérique bouleverse aussi nos modes de commercialisation. La désintermédiation s’installe. C’est une réalité que l’on ne peut nier.

Sachant que notre objectif est toujours la valorisation de nos productions par la captation de la valeur ajoutée, nous avons préféré en devenir acteur plutôt que spectateur.

Saipol a lancé en 2018 Feedmarket, plateforme de commercialisation des tourteaux, puis cette année OléoZE, plateforme de commercialisation des graines.

Ces plateformes, accessibles à tous les acteurs dont les producteurs, permettent de valoriser nos productions au mieux en répartissant de façon équitable la valeur ajoutée.

Loin de vouloir contourner les organismes stockeurs qui peuvent en être pleinement parties prenantes, il s’agit de créer de la valeur ajoutée et de la répercuter de façon effective et visible aux producteurs. Des euros sur nos fermes.

Cette visibilité de l’action filière conduite au profit des producteurs est indispensable : elle démontre concrètement aux producteurs qu’en contrepartie des investissements réalisés par la filière sur la base des efforts financiers qu’ils ont fait, il y a un juste retour en leur faveur. Un retour non pas sous forme de dividende mais bien sous forme d’une meilleure rétribution de leurs graines. C’est ainsi que nous donnons du sens à notre action.

C’est aussi ce souci constant d’être à l’écoute des producteurs qui constitue le prisme de notre analyse sur la PAC. Nous tenons à construire un cadre stable.

Les discussions sur la prochaine PAC vont aujourd’hui reprendre, surtout maintenant que le Brexit est officialisé et que la Commission et le Parlement européen ont été installée.

Il nous faut faire prévaloir nos idées :

  • Nos idées sur une PAC économique et non une PAC sociale,
  • Nos idées sur les aides couples comme levier de programmes opérationnels à construire,
  • Nos idées sur l’ecoscheme qui ne doit pas être une mesure d’exclusion en le rendant inaccessible aux exploitations,
  • Nos idées sur les mécanismes assurantiels.

C’est d’ailleurs cet esprit de responsabilité qui doit aussi nous conduire à trouver des solutions pour les zones intermédiaires. Si je parle des zones intermédiaires, c’est que leur situation est particulièrement difficile. Elle l’est d’un point de vue technique où il importe de trouver des solutions face aux impasses auxquelles elles sont confrontées. Dans ces zones, la culture du colza devient de plus en plus problématique et il n’y a pas de plan B. C’est pourquoi j’insiste sur la nécessité de mettre en place un programme de type R2/D2. Elles ont été fortement impactées par les évolutions de la PAC, victime de l’effet de dé-convergence qu’elle a eu. Il importe d’y remédier : c’est pour cette raison que je suis pour une vraie convergence dans une approche globale.

Être à l’écoute des producteurs, c’est aussi peser sur les choix pour éviter les dérives sur les ZNT ; s’opposer sans cesse à la surtransposition qui, en lavant plus vert que vert, pénalise notre compétitivité ; contester l’efficacité de la redevance sur les pollutions diffuses ou encore dénoncer avec force au hold-up de l’Etat sur les fonds du CASDAR : comment peut-on légitimement croire que l’on encourage la transition agroécologique avec de tels agissements ?

Être à l’écoute des producteurs, c’est surtout être à vos côtés au quotidien pour aller vous présenter l’action de la filière ou vous accompagner dans les moments sensibles, lorsque les élevages sont envahis, les VTH fauchés ou encore les cultures de colza menacées par des contaminations fortuites comme cela fut le cas l’an passé.

Sur tous ces sujets, en lien avec le réseau des FDSEA, la FOP est à vos côtés : elle sait prendre et assumer ses responsabilités.

Mais être à votre écoute nous permet aussi de savoir que les attentes des producteurs vis-à-vis du syndicalisme évoluent. Cette évolution se traduit notamment par la volonté d’un syndicalisme qui fasse davantage la connexion entre tous les acteurs et interlocuteurs.

A la FOP ces connexions sont multiples car notre ambition politique est bien d’agir, d’interagir.

Interagir au sein de notre filière tout d’abord. Nous sommes fortement impliqués dans sa conduite politique à travers les présidences et le poids affirmé du collège des producteurs au sein de Terres Univia et de Terres Inovia mais aussi dans la gouvernance d’Avril. Une gouvernance qui nous permet de peser sur les choix et éviter ainsi que, sous l’effet du temps, les liens entre nous ne se délitent. Une gouvernance qui nous permet aussi de toujours veiller à ce que la finalité de l’action conduite bénéficie toujours pour finir, directement ou indirectement, aux producteurs.

Interagir avec nos partenaires des autres AS de grandes cultures à savoir l’AGPB, l’AGPM et la CGB. Je salue ici la présence de leurs Présidents. Les liens qui nous relient sont très étroits. Nous travaillons ensemble pour adopter des positions communes sur tous les sujets d’actualité : n’oublions jamais que c’est sur la même exploitation que se cultivent blé, orge, colza, maïs, betteraves, tournesol, pois, soja, féveroles.

Nous conduisons aussi bon nombre de réflexions prospectives ensemble à l’image de Culturibles qui vise à nous faire réfléchir à ce que pourraient être nos exploitations en 2030.

Interagir avec nos partenaires du secteur animal, au premier rang desquels les AS animales. A travers les tourteaux, nous sommes à mi-chemin entre le monde animal et le monde végétal. Des liens naturels existent entre Avril et le secteur de l’élevage, qu’il s’agisse des œufs, de la volaille, du porc ou de la nutrition animale.

Il manquait toutefois une dimension politique qui seule donne du sens aux démarches entreprises, y compris conjointement comme lors de l’étude conduite par le CEREOPA sur le dimensionnement des besoins des filières animales en protéines. Tel a été le rôle que j’ai assigné à la FOP.

Interagir avec nos interlocuteurs des Pouvoirs publics, des parlementaires mais aussi des élus locaux. Nous devons les convaincre du bien-fondé de nos démarches et des réponses que nous pouvons leur apporter. Notre activité nous conduit à être au cœur des enjeux et des défis et nous sommes porteurs de solutions. A nous de savoir les promouvoir.

Dans ce cadre, le lobbying que nous exerçons porte aussi ses fruits à l’image des avancées obtenues sur les biocarburants. Il faut aller plus loin dans cette démarche de mutualisation au sein de notre filière pour faire en sorte que nous soyons présents à tous les niveaux, ensemble, Avril, FOP et interprofession. J’en profite aussi pour rappeler qu’il est plus simple de parler avec des élus agricoles donc je vous encourage vivement à vous investir dans la campagne des municipales. Le Maire que je suis sait combien il est important de s’investir dans la relation de proc

Interagir au niveau européen avec nos amis allemands de l’UFOP où, lors de chacune de nos rencontres, nous veillons à ce que le développement des actions, stratégies et investissements de nos filières soient toujours bien connectées à la valorisation de nos productions et à la durabilité de nos exploitations.

J’ai fait du renforcement de l’axe franco-allemand une priorité pour notre filière tant je suis convaincu de sa capacité à faire avancer l’Europe agricole. Les résultats sont tangibles même s’il faut encore les conforter : la question de la production oléoprotéagineuse, des biocarburants ou encore du plan protéines sont aujourd’hui de vraies priorités pour nos partenaires de l’UFOP.

Interagir au niveau européen avec nos partenaires de l’EOA (Alliance européenne pour les oléoprotéagineux), du COPA ou encore lors de nos discussions internationales au sein de l’IOPD, instance dans laquelle siègent aussi nos partenaires d’Amérique du Nord et du Sud.

Interagir pour que les producteurs continuent d’avoir envie d’adhérer à notre syndicalisme. Pendant longtemps la question de « l’adhésion au syndicat » comme on disait à l’époque ne se posait pas. Elle était plus que logique, elle était systématique. Aujourd’hui elle se pose. Vraiment. Fortement.

C’est pour cette raison qu’à la demande de Christiane, je coordonne le groupe de réflexion sur l’avenir de notre syndicalisme. Dans le cadre de « FNSEA 2025 », nous devons tous ensemble réfléchir à l’évolution de notre syndicalisme à moyen terme c’est-à-dire à sa capacité à répondre aux attentes des agriculteurs, qu’ils soient éleveurs ou scopeurs. Des agriculteurs au profil divers tant du fait de leur formation que de leur parcours. Des agriculteurs qui attendent des réponses en termes de défense et de promotion du métier aussi en termes de services et d’économies apportées à l’exploitation.

L’économie se crée dans les filières. Ce sujet, régulièrement évoqué, appelle des réponses ambitieuses et novatrices afin que perdure ce qui fait la force de notre organisation : mettre en synergie le « politique » légitimé par notre représentativité et notre ancrage terrain, avec le « technique » développé dans nos instituts et « l’économique » incarné par nos filières industrielles.

S’il est bien trop tôt pour en dire beaucoup plus – le débat se fait dans les départements, les régions et à la FNSEA -, je tiens toutefois à souligner la qualité de la réflexion que nous portons sur ce sujet sans tabou ni crainte mais avec la parfaite conscience que nous sommes à la croisée des chemins.

Mesdames et Messieurs, en conclusion, je tiens à vous dire que cette année encore, la FOP aura de nouveaux défis à relever. Celui de son déménagement avec les autres structures de la filière en juin prochain à la Défense et ce, pour une durée de 18 mois afin de permettre la réhabilitation de l’immeuble de Monceau. Celui du renouvellement de ses administrateurs en novembre prochain. Celui de ses évolutions en interne car il ne vous a pas échappé que Sébastien Windsor a pris de nouvelles hautes et prestigieuses fonctions à l’APCA.

Mais surtout, en 2020 ; la FOP aura toujours à cœur de poursuivre son action de clef de voute de la filière en étant constamment vigilante à ce que le sens qu’ont donné nos prédécesseurs à cette construction de filière perdure. Je m’en porte garant en votre nom.

Nous présidons en effet aux destinées d’une filière innovante, performante, dynamique. D’une filière tournée vers la valorisation de nos graines et ce, afin de nous permettre de bénéficier de la valeur ajoutée ainsi créée.

A l’heure où la démarche filière est un gage de qualité, une démarche filière dotée d’une véritable gouvernance agricole est en plus un gage de pérennité pour nous toutes et tous.

Tel est le vœu que je formule en ce début d’année. Un vœu qui s’ajoute à tous mes meilleurs vœux pour vous et vos familles, de santé, bonheur et réussite.

Je vous remercie.