Intervention d’Arnaud Rousseau au Congrès FNSEA

Président de la FOP depuis le 1er février dernier, j’interviens au nom de mes collègues de l’AGPB, de l’AGPM, de la CGB et du riz et les remercie de leur confiance.
Samedi nous fêtions le 60ème anniversaire du Traité de Rome. Aujourd’hui, nous tenons à réaffirmer notre engagement européen. L’Europe a permis le développement de notre agriculture et nous offre un marché de 500 millions de consommateurs. Certes de nombreuses imperfections subsistent. Aussi nous souhaitons saluer la réflexion lancée par Xavier dans le rapport d’orientation de la FNSEA. Les surenchères nationales nous font perdre de la compétitivité et crée des distorsions de concurrence. Nous perdons des parts de marchés. Nous débattrons de ce projet agricole européen dans les prochains jours mais nous tenons à réaffirmer nos attentes.

  1. Nous attendons une Europe ambitieuse, qui défend et met en avant ses intérêts.
  2. Nous attendons une Europe qui protège et nous accompagne face aux défis à venir : changement climatique, énergie, concurrence accrue attentes des consommateurs, sécurité alimentaire, biodiversité.
  3. Une Europe qui met en valeur nos contributions aux défis essentiels que sont la croissance, l’emploi et l’aménagement des territoires.
  4. Pour tout cela nous avons besoin d’un cadre européen stable, le plus harmonisé possible. Nous avons besoin d’une approche économique qui s’appuie sur la recherche et l’innovation. L’Europe doit mettre à notre disposition les outils permettant de rester dans la course, d’exprimer notre compétitivité.
  5. Enfin nous avons besoin d’une Europe qui se donne les moyens. Il nous faut un budget ambitieux.

Oui nous avons besoin de « mieux d’Europe ».

La situation du secteur « grandes cultures »

2016 a vu des conditions climatiques exceptionnelles. Les producteurs de grandes cultures sont en difficulté comme jamais auparavant. De fait, 2016 a révélé les limites des politiques actuelles. La survie de nombreuses exploitations est en jeu, en particulier celles qui cumulent plusieurs exercices déficitaires, notamment en zone intermédiaire. Nos organisations de filières ont joué leur rôle mais la solidarité européenne que nous attendions ne s’est pas exprimée.
Aussi, dans le cadre d’une approche économique de notre activité, nous avons besoin de renforcer la résilience de nos exploitations face à la volatilité. Cela passe par une palette d’outils :

  • Une protection européenne adaptée : droits de douanes, équilibre des accords commerciaux (ex : riz déstabilisé par tout sauf les armes), filets de sécurité (intervention publique lorsqu’elle existe encore) ;
  • Evolution de nos pratiques d’exploitations ;
  • Le recours à des outils de lissage (l’épargne de précaution, la fiscalité …) ;
  • Une PAC renforcée avec un premier pilier fort. Le DPB reste un élément essentiel. Il faut cesser les transferts, c’est la contrepartie de l’équilibre interne à la réforme de 2013 et l’acceptation d’une politique qui oriente notamment avec les choix de l’ICHN et du recouplage que nous validons. Un deuxième pilier qui oriente avec notamment une politique de zonage qui ouvre la porte au plus grand nombre et notamment aux zones à faibles potentielles, sans exclure ;
  • Le recours à des régimes d’assurances (climatiques…) devra être amplifié, et les fonds de mutualisation et les flexibilités devront être étudiés. Les seuils de 30% de pertes et la franchise sont trop élevés et doivent être abaissés à 20% dès les prochains semis. De même le niveau de 65% de la contribution publique doit être garanti de manière permanente.

Les moyens de production

La compétitivité est primordiale pour la durabilité de notre activité. Elle passe par une réduction des charges, par des capacités d’innovation, d’investissement.L’approche environnementale ne dispense pas de disposer de moyens de sélection (NBT), de semences ou de protection des plantes adaptés. Nous rappelons qu’ « environnement » ne peut pas aller sans revenu. Aussi, nous nous élevons avec force contre les propositions de la Commission européenne de rendre les SIE largement non productives par la suppression des intrants. Nous attendons que l’on fasse confiance à notre sens des responsabilités. Nos instituts techniques travaillent, nous faisons évoluer nos pratiques. L’agriculture de précision avance. Disposer de moyens de production adéquats, c’est également pouvoir avoir recours au stockage de l’eau et à l’irrigation. Nous attendons un réel engagement des pouvoirs publics en la matière. C’est une politique de création de valeur et de sécurisation de l’agriculture!

Les biocarburants

Les dernières propositions de la commission sont inacceptables.Cela démontre une méconnaissance totale de la réalité et un manque de courage face à certaines ONG ! N’opposons pas alimentaire et non alimentaire. Les biocarburants français et européens produisent aussi pour l’alimentation animale.
C’est l’avenir des grandes cultures et de l’élevage qui est concerné par ces évolutions. L’interdiction de biocarburants de première génération aura un impact direct sur la production d’oléagineux, sur la valorisation des céréales ou des betteraves mais également sur la compétitivité de l’élevage. Nos sorts sont liés. C’est d’abord la production européenne qu’il faut soutenir.
Pour terminer je souhaiterai insister sur l’importance de nos filières, pour la création de valeur, pour accroître notre compétitivité, anticiper et répondre aux attentes et aux évolutions réglementaires, à l’image de la fin des quotas sucriers en cette année 2017.
Nous voulons apporter notre contribution à la croissance et à l’emploi en France, c’est clairement notre choix pour produire plus et produire mieux.

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Seul le discours prononcé fait foi

Les propositions de la FOP pour les élections présidentielles, législatives et sénatoriales

2017 sera une année particulièrement décisive sur le plan électoral. Si la FOP regrette que l’agriculture ait été si peu abordée jusqu’à présent, nous espérons qu’elle occupera une place à la hauteur des enjeux qu’elle représente lors de la campagne pour les élections présidentielles, législatives et sénatoriales. Les producteurs d’oléoprotéagineux attendent une orientation ferme et volontariste, qui redonne espoirs et perspectives, et qui promeuve une politique agricole durable et dynamique. Pour ce faire, la FOP présente des propositions pour que l’agriculture et les producteurs d’oléagineux et de protéagineux retrouvent enfin toute leur place dans notre pays et en Europe.

Promouvoir un modèle agricole français compétitif

  • Encourager les approches de filière et le modèle des interprofessions
  • Ne pas opposer les modèles agricoles (filières longues/circuits courts, cultures et modes de production) : défendre la diversité de l’agriculture française qui repose sur des exploitations à capitaux familiaux
  • Soutenir, financer et faire respecter la recherche fondamentale et appliquée pour stimuler l’innovation
  • Accompagner l’investissement de l’amont à l’aval des filières pour gagner en compétitivité
  • Promouvoir les filières françaises qui participent au maintien et à la création d’emplois dans les territoires et donc au dynamisme et à l’attractivité des territoires
  • Instaurer une « TVA sociale » pour compenser la suppression des cotisations « maladie » et « famille »
  • Développer une politique des sols pour contribuer au stockage du carbone (projet 4‰)

Rationaliser l’encadrement normatif

  • Stopper la surtransposition des normes européennes qui grève la compétitivité française
    • Réaliser une étude d’impact socio-économique avant toute nouvelle norme et réfléchir en terme coût/bénéfices : pas de nouvelles normes si pas d’alternative bénéfique
    • Encourager les bonnes pratiques et le dialogue plutôt que la norme en faisant confiance aux acteurs
  • Engager un processus efficace de simplification
  • Mettre fin à l’application zélée du principe de précaution
    • Compléter par un principe d’innovation
    • Remettre la science au cœur des débats

Sécuriser l’acte de production pour une agriculture performante et innovante

  • Bénéficier de l’accès aux mêmes moyens de protection des cultures que les agriculteurs européens
  • Se donner les moyens financiers et règlementaires nécessaires au développement d’un plan protéines ambitieux
  • Revoir la gestion des risques et mettre à disposition des producteurs un panier d’outils pour faire face à une volatilité croissante (assurance, contractualisation, épargne de précaution (DPA))
  • Garantir la liberté de choix de semences certifiées
    • Encourager la recherche et l’innovation variétale (NBT, mutagénèse dont variétés tolérantes aux herbicides)
    • Reconnaître le savoir-faire des agriculteurs français multiplicateurs de semences

Assurer les débouchés

  • Réviser la fiscalité sur les huiles végétales alimentaires et la margarine
  • Promouvoir les énergies renouvelables issues de la biomasse française, dont le biodiesel
  • Développer la bioéconomie, les biomatériaux, la chimie du végétal

Défendre une Europe et une PAC ambitieuses

  • Préserver le budget de la PAC
  • Une politique qui oriente
  • Une politique qui protège
  • Soutenir les leviers de diversification des cultures
  • Mettre en avant la protéine végétale européenne
  • Harmoniser les règlementations sociales, fiscales, environnementales entre Etats membres

 

Télécharger le livret des propositions : Les propositions de la FOP pour les élections 2017

Montants définitifs des aides couplées protéines végétales au titre de l’année 2015

Les soldes concernant les aides couplées, au titre de la déclaration 2015, seront versées dans les prochains jours (avant le 15 octobre) et finaliseront une campagne de mise en œuvre de la réforme particulièrement difficile. Il ne restera à solder que la discipline financière (prélèvement effectué pour financer le fonds de crise européen et remboursé l’année suivante). L’administration devrait ensuite mettre en œuvre la notification et l’attribution officielle des DPB de chaque exploitation. Les montants annoncés confirment les annonces précédentes pour les secteurs qui bénéficieront du plafond et fixent le montant définitif pour les protéagineux et les plafonds de surface pour le soja.

La FOP a obtenu dans le cadre de la mise en œuvre des aides couplées une certaine fongibilité des enveloppes (une enveloppe financière consacrée à une mesure non totalement consommée peut être reportée sur une autre dans des proportions régies par les règles communautaires et l’état des demandes). Cette fongibilité se fait à l’intérieur de l’enveloppe des 2% protéines végétales pour ce qui nous concerne.

Ainsi, au titre de 2015, la sous-consommation de l’enveloppe « légumineuses fourragères » par les éleveurs (1ère année d’un programme triennal) permet de rehausser de l’ordre de 20 millions d’euros au total les autres enveloppes couplées en faveur des protéagineux et du soja notamment.

Un arrêté du ministère de l’Agriculture du 28 septembre fixe les montants définitifs des aides couplées au titre de la déclaration 2015.
Les niveaux annoncés seront les suivants :

  • Protéagineux 187 €/ha. Ce montant sera versé à environ 260 000 ha pour un montant total de 49,2 millions d’euros. (L’enveloppe initiale était de 33,7)
  • Soja : 100 €/ha versés à 90 000 ha, sur un total de 119 000 admissibles environ, dans la limite d’un plafond de 12,5 ha/exploitation avec transparence GAEC. Cela représente une enveloppe de 9 millions d’euros contre les 5,8 initialement programmés. A noter que pour le soja, l’évolution des règles communautaires à confirmer que les aides couplées étaient des aides au maintien et que les secteurs en progression ne pourraient plus bénéficier d’un transfert au titre de la fongibilité. Au titre de 2016, l’enveloppe d’aide couplée consacrée au soja sera donc limitée à 5,7 millions d’euros et ne pourra être augmentée. A noter que la référence notifiée par la France pour le soja est la meilleure année entre 2009 et 2013 et est donc de 49 500 ha. Les surfaces pour lesquelles des aides ont été demandées en 2015 atteignent 119 000 ha et devraient atteindre 140 000 ha au titre de 2016. Le risque est aujourd’hui très grand que sur ces bases la Commission européenne demande la suppression de cette aide couplée à compter de 2018 en vertu des règles européennes de soutiens couplés (A suivre)
  • Légumineuses fourragères : en cette première année du programme triennal, les demandes de soutien ont porté sur 144 000 ha qui bénéficieront de 250 €/ha compte tenu de la décision du ministre de relever le niveau de soutien en faveur des éleveurs. Une partie de l’enveloppe qui n’a pu être réduite au-dessous de 75 millions d’euros (au lieu de 94,5) ne sera donc pas utilisée et retournera donc dans les caisses de Bruxelles.
  • Semences de légumineuses : 200 €/ha pour 15 000 ha pouvant bénéficier de ce soutien pour une enveloppe de 3 millions d’euros.
  • Légumineuses déshydratée : 150 €/ha seront versés à près de 66 000 ha pour un montant de 9,9 millions d’euros.

Aides couplées protéines végétales : un signal positif à pérenniser

 

Alors que le ministère de l’Agriculture vient de faire connaître les montants définitifs des aides couplées végétales au titre de la déclaration 2015, finalisant ainsi une campagne de mise en œuvre de la réforme de la PAC particulièrement laborieuse, la FOP (Fédération française des producteurs d’Oléagineux et de Protéagineux) prend bonne note des niveaux d’aide (187€/ha pour les protéagineux et 100 €/ha plafonnés à 12,5 hectares par exploitation pour le soja) que recevront les producteurs d’oléoprotéagineux.

 
Elle relève que les enveloppes finalement affectées aux aides protéagineux et soja sont supérieures à ce qui était initialement prévu et se félicite que grâce à sa mobilisation la fongibilité ait été efficacement appliquée pour obtenir des niveaux d’aides plus satisfaisants.

 
Au sortir d’une récolte catastrophique en protéagineux et dans un contexte économique et financier particulièrement dégradé, la FOP y voit un signe encourageant pour ces cultures qui souffrent d’un déficit de compétitivité alors que leurs atouts environnementaux et leurs perspectives prometteuses ne sont plus à démontrer.

 
La FOP rappelle à cette occasion la nécessité d’un plan de relance des protéines végétales réellement ambitieux en France, doté de façon équilibrée entre les secteurs animal et végétal, et regrette à ce titre qu’une partie des aides affectées aux légumineuses fourragères n’ait pas été utilisée retournant de ce fait dans les caisses de Bruxelles.

 
Interrogé à ce propos, Gérard TUBERY, Président de la FOP, a déclaré : «Fruits de notre détermination, le niveau de ces aides couplées et l’application d’une certaine fongibilité dans le cadre de la mise en œuvre de celles-ci doivent être pérennisés à l’avenir. Seul un accompagnement réel par les Pouvoirs publics, le temps pour ces productions de pouvoir se confronter de façon optimale à la compétitivité du marché, permettra d’en accompagner l’essor. »

 

Contact presse : Thibaut LEDERMANN – 06 50 69 20 08

Marché mondial des oléoprotéagineux – Septembre 2016

L’essentiel

  • Récolte mondiale 2016/2017 d’oléagineux attendue en hausse de 4%
  • Récolte record de soja aux USA à 114 MnT
  • A nouveau forte baisse en colza à 61MnT : recul dans l’UE à 20,1 MnT et effondrement en Chine
  • Record de production de tournesol 46 MnT dont 13 en Ukraine
  • Tendance baissière sur les marchés du soja
  • Sur marchés français graines de colza et tournesol légèrement au-dessus des moyennes 15 ans. Rapport de prix colza/céréales favorable au colza
  • Très mauvais rendements en pois et féverole en France

 

I. Production mondiale d’oléagineux en hausse de 4%

En 2016/2017 les surfaces en oléagineux sont en hausse de 3,7 Mnha (+1,7%) à 278 MnHa, conséquence d’une progression des surfaces en soja (+2,4 MnHa à 122 MnHa), en tournesol (+1,4 MnHa à 26,5 MnHa ), en arachide (+1,4 MnHa à 25,5 MnHa) et en palme (+0,7 MnHa). Seuls le coton et surtout le colza voient leurs surfaces régresser.

Les conditions climatiques ont été favorables pour la plupart des oléagineux de l’hémisphère Nord, à l’exception notable du colza en Europe et en Chine, permettant à la production mondiale d’établir un nouveau record à 535 MnT, soit une hausse de 4% (23 MnT) sur l’an passé.

 

  • Soja

Les Etats Unis devraient engranger cette année une récolte gigantesque de soja, estimée à plus de 114 MnT, un record absolu, bien au-delà des 107 MnT de l’an passé (+7%). Les conditions climatiques y ont été favorables et le rendement national est estimé à 34 Q/ha ce qui est là aussi un record pour les USA.

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En Chine comme en Inde la production de soja est attendue en hausse : à 13 MnT en Chine sous l’effet d’une remontée des ensemencements après la chute de l’an dernier et à 9,5 MnT en Inde grâce à des rendements en hausse (bien que toujours « faibles » à 8 Q/ha).

Dans l’hémisphère Sud, les semis devraient être quasi identiques à l’an passé, bien que la compétitivité du soja ait diminué face aux céréales. Sous réserve de conditions « moyennes », la récolte pourrait atteindre 100 MnT au Brésil et 57 MnT en Argentine.

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En Europe aussi le soja se développe, même si la production reste mineure à l’échelle mondiale. Cette culture couvre maintenant 940 000 ha, ce qui correspond à un doublement des surfaces en 3 ans. L’Italie et la Roumanie restent les premiers pays producteurs de soja en Europe mais les surfaces progressent aussi dans de nombreux autres états membres. La production européenne devrait atteindre 2,7 MnT pour un rendement moyen de 28,2 Q/ha.

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En France, ce sont finalement 122 000 ha qui ont été cultivés en 2015 et 141 000 Ha en 2016, dont une partie déclarée en SIE, ce qui correspond à un doublement en 2 ans.  D’après les estimations SSP de septembre 2016, le rendement 2016 serait identique à l’an dernier, 27,3 Q/ha, et la production atteindrait 384 000 T.

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  • Colza

En 2016 la production mondiale de colza est en repli pour la 3eme année consécutive à 61 MnT, en recul de 5% (3,3 MnT) par rapport à l’an passé et 9 MnT en dessous du record de 2013. Il s’agit de la plus petite récolte de colza depuis 8 ans. Canada, Inde et Australie sont les seuls pays où les conditions sont ou ont été favorables et où le colza progresse. En Chine, la chute de la production de colza est impressionnante. En 3 ans la production nationale est passée de 12 à 6 MnT. Le colza a perdu énormément de compétitivité face au céréales depuis que le prix minimum oléagineux, qui était bien supérieur au prix mondial, a été remplacé par un système de prix d’objectif et de deficiency payment.

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Dans l’UE28 la production est estimée à 20,1 MnT (Donnée source Oilworld, la DG Agri mise sur une production plus basse, à 19,4 MnT), en recul de 10% malgré une quasi stabilité des surfaces.Mais les situations sont très différentes selon les Etats. Au Sud Est, les conditions ont été favorables et les récoltes sont bonnes. La production progresse de 30% (surfaces et rdts) à 1,4 MnT, de 11% en République Tchèque à 1,4 MnT (rdts) et de 34% en Hongrie à 0,8 MnT (surfaces et rdts). Mais à l’inverse les conditions excessivement humides du printemps ont plombé les résultats à l’Ouest de l’UE : au RU la production recule de 25% à 1,9 MnT (surfaces et rdts), au Danemark elle perd 20% (surfaces), en France elle recule de 14% à 4,7 MnT (rdts), et en Allemagne de 7% à 4,6 MnT (rdts -10%). Entre ces deux zones, la récolte polonaise est elle aussi en fort recul -30% à 2,17 MnT, handicapée par le gel de l’hiver et les fortes amplitudes de températures qui ont impactés surfaces récoltées et rendements.

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En Ukraine aussi, les colzas ont souffert du gel et la production est estimée en recul de près de 25% à 1,45 MnT.

En France, les surfaces 2016 en colza étaient stables à 1,516 MnHa, mais les rendements sont décevants, estimés à 30,7 Q/ha, en baisse de 10% et à leur plus bas niveau depuis 2007. Une baisse de cet ordre n’a toutefois rien d’exceptionnel et est beaucoup moins catastrophique que ce que l’on observe en céréales. A noter que la teneur en huile moyenne pourrait être en retrait de 1,5 à 2 points cette année (entre 43,5 et 44%)
Mais l’inquiétude la plus forte concerne les colzas de la récolte 2017. Par manque de pluie certains semis ont été retardés et d’autres ont mis très longtemps à lever, handicapés par cette sècheresse persistante. La perte de surface serait de plus de 5%.

Focus Canola au Canada
La culture du colza occupe 8 MnHa au Canada. Cette année, les conditions ont été favorables, permettant un rendement national à 23 Q/ha, et la production pourrait atteindre un nouveau record à 18,5 MnT. Pour les producteurs canadiens le colza fait partie des cultures les plus rentables, avec le soja et le pois (dont les surfaces sont en forte hausse), loin devant les céréales. Environ 90% de la récolte est exportée, soit sous forme de graines (Chine, Japon, Mexique..) soit sous forme de tourteaux (USA) et d’huile (USA). Une classification en « grades » permet de segmenter a récolte selon la qualité des grains et en particulier leur maturité, pour mieux répondre aux attentes des différents marchés (alimentaire, biodiesel etc…). Dans un avenir proche le Canada pourrait devenir le premier producteur de colza au monde, devant l’UE28. Le pays s’est en effet doté d’un plan « stratégie 2025 » qui vise une production annuelle de 26 MnT grâce à une légère progression des surfaces (+10%) mais surtout par un gain de rendement de 30% (de 20 à 26 Q/ha) obtenu grâce au progrès génétique et à des progrès attendus sur certaines techniques culturales (implantation, fertilisation, lutte contre ravageurs et maladies et récolte).

 

  • Tournesol

En 2016/2017 la production mondiale de tournesol atteint un nouveau record à 46 MnT, en hausse de 9% sur l’an passé et 2,7 MnT au-dessus du précédent record de 2013.

Les emblavements ont fortement progressé en Russie (+6%) et Ukraine (+10%) où le tournesol a remplacé une partie des blés n’ayant pas pu être semés à l’automne dernier en raison de conditions trop sèches. Les conditions ayant ensuite été bonnes la production atteint 13,2 MnT en Ukraine et 10,4 MnT en Russie, bien au-delà des précédents records. En Argentine, la conjoncture est favorable au tournesol où une forte hausse des surfaces est attendue (+36%) à 1,7 MnHa.

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Dans l’UE28, après la baisse de l’an passé le rendement moyen serait en hausse, à 20 Q/ha. La production atteindrait 8,2 MnT, en hausse de 9% sur 2015 mais bien inférieure aux records de 2013 et 2014.

En France, d’après les estimations SSP de septembre 16, le rendement moyen s’établirait à 22 Q/ha, permettant de récolter 1,3 MnT (+9%).

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  • Huile de palme

Après la forte baisse enregistrée l’an passé (chute des rdts due à El Nino puis sècheresse), une nouvelle production record est attendue.

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II. Des bilans mondiaux déficitaires en colza

En soja, l’énorme récolte US s’ajoute à des stocks début de campagne déjà élevés. Mais après la récolte sud-américaine décevante du printemps dernier la demande est très vigoureuse pour le soja US, toujours portée par la Chine. Une légère réduction des stocks fin campagne est attendue.

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En colza, pour la 3eme campagne consécutive, le bilan est très tendu car la production de l’année est insuffisante pour couvrir la consommation, malgré une réduction attendue de la trituration européenne d’au moins 1 MnT, une nouvelle réduction des stocks est attendue. En fin de campagne ils pourraient n’être que de 5,5 MnT, leur plus bas niveau depuis 10 ans.
En tournesol, l’énorme récolte devrait s’écouler sans trop de difficultés n’entraînant qu’un alourdissement relatif des stocks fin de campagne, à 3,2 MnT. La trituration européenne est prévue en hausse, compensant les faibles disponibilités en colza.

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III. Tendance baissière sur le complexe soja

Au printemps 2016 les cours du tourteau de soja ont fortement progressé, soutenus par la détérioration de la récolte argentine. Ils sont maintenant orientés à la baisse dans l’attente de la gigantesque récolte US. L’abondante récolte de tournesol pèse aussi sur les tourteaux de tournesol, les rendant plus compétitifs et favorisant leur utilisation en lieu et place du tourteau de colza dont les disponibilités seront réduites.

Avec près de 15% des huiles et graisses mondiales utilisées en biodiesel (31,7 MnT sur 214 MnT), les marchés des huiles végétales sont très liés aux marchés pétroliers et en subissent les variations. L’huile de palme constitue, au niveau mondial, 30% des huiles et graisses utilisées en biodiesel (devant le soja 28% et le colza 22%). L’offre en huile de palme reste pour l’instant tendue ce qui confère une certaine fermeté à l’ensemble des huiles.

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En dollars, les cours des graines restent à un niveau bas, proche des minima de 2009.

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Sur les marchés français cotés en euros, les prix actuels des oléagineux restent au-dessus des niveaux catastrophiques de 2009, mais sont à peine au-dessus de la moyenne 2001/2016, alors que le niveau des charges n’est plus celui de 2001.

Le rapport de prix colza/blé évolue aux alentours de 2,4 (contre 2,1 en moyenne 01/16). Il est donc bien supérieur à la valeur de 2,06 au-delà de laquelle le colza est plus compétitif que le blé pour l’agriculteur (source Sofiproteol).

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IV. Marché des protéagineux

Selon la DGAgri, la production européenne de pois devrait reculer de 10% à 1,9 MnT et celle de féveroles serait stable à 1,8 MnT.

En France, l’aide couplée aux rotéagineux et la possibilité de déclarer des légumineuses en tant que SIE ont permis un léger accroissement des surfaces en protéagineux (+3%) dont 185 000 hade pois et 83 000 ha de féverole. Mais les plantes ont souffert des conditions climatiques et les rendements sont en fort recul principalement en pois et féverole d’hiver. D’après Terres Univia, le rdt national serait de l’ordre de 30 Q/ha en pois et 31 à 32 Qha en féverole. D’après le SSP il serait en deçà : 24,6 Q/ha en pois et 28,1 Q/ha en féverole (estimation sept 2016).

A l’inverse, la production canadienne de pois atteindrait un nouveau record à 4,6 MnT en hausse de 43% sur l’an dernier.

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Sources : D’après estimations et prévisions Oilworld, SSP, DGAgri, Terres Inovia et Terres Univia

 

Télécharger en pdf : le-marche-des-oleagineux-septembre-2016

 

Flash info : renouvellement de la reconnaissance de 2BSvs

La Commission européenne a renouvelé la reconnaissance du schéma volontaire 2BSvs (Biomasse, biocarburants, schéma volontaire pour la durabilité) pour une durée de 5 ans. Ce schéma permet de certifier que la biomasse utilisée pour la production de biocarburants répond aux critères de durabilité, conformément aux directives 98/70/CE et 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil.

 

En savoir plus sur 2BSvs

Meeting Syndical FNSEA / JA : Discours de Bernard de Verneuil

Chers amis

Je tiens tout d’abord à excuser le Président de la FOP qui n’a pas pu se joindre à nous aujourd’hui mais qui m’a demandé de vous transmettre toutes ses amitiés et sa sympathie. La moisson qui s’achève a été particulièrement difficile pour nous, producteurs de grandes cultures, et ce, quelles que soient nos régions et nos productions.

  • En colza, les rendements très contrastés selon les régions sont particulièrement faibles pour la moitié Nord.
  • Pour les protéagineux, singulièrement les pois d’hiver et féveroles, les rendements sont historiquement bas.
  • Enfin, les fortes chaleurs de ces derniers jours font peser une épée de Damoclès sur la moisson des tournesols et du soja.

2016 sera d’autant plus compliqué que ce sera, pour un très grand nombre d’exploitations, la quatrième année sans revenu. Les producteurs d’oléagineux et de protéagineux n’échappent pas à cette crise aux multiples causes. Une crise qui affecte donc toute l’agriculture et qui laisse nos trésoreries exsangues.

Face à cette épreuve économique et humaine pour les producteurs, que faire ?

Se résigner, baisser les bras ou comme certains autres syndicats ou acteurs politiques tomber dans la démagogie, les anathèmes… Ou bien se retrousser les manches, être volontariste et assumer ses responsabilités, toutes ses responsabilités, y compris dans les moments les plus difficiles?

A la FOP, nous sommes comme vous toutes et tous, fortement attachés aux valeurs du syndicalisme, à la force de l’action collective. Nous sommes convaincus que ce n’est qu’en agissant ensemble que nous trouverons de vraies solutions et ce, comme nous l’avons toujours fait depuis le serment de l’unité paysanne et la création de la FNSEA.

Car, qui pourrait croire que, sans la FNSEA, nous pourrions nous en sortir ? C’est grâce à la FNSEA, à ses FRSEA, à ses FDSEA, à ses hommes et ses femmes qui s’engagent au quotidien pour promouvoir la diversité de nos métiers et faire gagner les paysans, que s’est construite la performance de la ferme France et fait de l’agriculture un secteur prépondérant pour l’économie et la vitalité de nos territoires.

Il en est à la FOP de même que dans toutes les autres AS : même au plus profond des crises, nous savons que notre organisation collective, notre organisation économique peut être porteuse de solutions, d’espérances et d’avenir.

Toutefois, l’organisation économique ne peut être à elle seule l’alpha et l’omega de la politique agricole de demain, une politique dont les contours se dessinent petit à petit mais de façon inéluctable. Alors, soyons clairs, autant il est possible pour des producteurs de s’organiser, autant cela devient impossible dès lors que le cadre change constamment. L’économie, ce n’est pas de l’idéologie. L’environnement, ce n’est pas de la démagogie. Le réel l’emporte sur le virtuel : nous sommes des chasseurs de production et non de Pokemon.

Cela sous-entend que nous devons construire la performance de demain avec nos partenaires des autres organisations professionnelles membres du CAF mais aussi avec les Pouvoirs publics. Ces derniers ont un rôle essentiel et doivent être nos partenaires plutôt que nos adversaires. Dans ce cadre, à la FOP, nos demandes s’articulent autour de trois axes :

A très court terme : le rôle des Pouvoirs publics en lien avec nos partenaires du CAF

Des aides immédiates pour pouvoir sortir la tête de l’eau

  1. Le soutien de la trésorerie par le biais de prêts exceptionnels de l’ordre de 30 à 50 000 euros sans intérêt pour financer la nouvelle campagne
  2. Une aide spécifique aux JA permettant par exemple d’annuler les intérêts des emprunts
  3. La mise en place d’un vrai plan de relance des protéines végétales en France, doté de façon équilibrée entre les secteurs animal et végétal et suffisamment ambitieux pour répondre aux attentes fortes de marchés demandeurs
  4. L’allègement des charges et des normes. Il faut une démarche pragmatique face aux défis environnementaux en veillant à ce que la pertinence d’objectifs affichés soit compatible avec la réalité des pratiques agricoles. Les facteurs de production doivent demeurer accessibles tant que d’autres solutions tout aussi efficaces n’auront pas été trouvées

L’ensemble de ces mesures doit être repris dans le plan d’urgence sur lequel le Ministre s’est engagé.

A moyen terme : le rôle des Pouvoirs publics dans le cadre de la clause de rendez-vous ou de la réforme de la PAC

La gestion des risques et la sécurisation des marchés

  1. La pérennité de l’aide couplée pour le soja de façon à accompagner son essor et la constitution de filières locales, source d’emplois et de création de richesses
  2. Des mécanismes permettant de sécuriser le revenu en faisant face aux imprévus qui seront chaque fois plus fréquents. Il faut donc une DPA plus souple d’accès et simplifiée dans sa mise en œuvre
  3. Il faut aussi des mécanismes d’assurance adaptés et novateurs, prenant par exemple en compte le chiffre d’affaires
  4. Il faut enfin affirmer la légitimité de la contractualisation. Elle permet une juste répartition de la valeur ajoutée entre tous les acteurs dès lors qu’elle est librement négociée entre toutes les familles dans le cadre d’interprofessions fortes et structurées : c’est ainsi qu’on passe d’une intégration injuste car subie à une contractualisation juste car choisie

En résumé, si nous sommes prêts à affronter la concurrence, encore faut-il que ce soit à armes égales et que soit favorisé le recours aux productions françaises en France. La prochaine réforme de la PAC doit le permettre.

A plus long terme : le rôle des Pouvoirs publics dans le cadre de l’essor d’une vision d’avenir

Mettre l’accent sur la recherche et l’innovation ainsi que sur la conquête des marchés

  1. La pérennité des débouchés, notamment en ce qui concerne les biocarburants en général et le biodiésel en particulier. Les attaques répétées et les approches doctrinaires encouragent les amalgames faciles qui sont pour nous autant de handicaps qui nous obligent à réduire la capacité de sites ou de fermer des usines, donc à détruire de l’économie et de la richesse. Cela impacte aussi la production de tourteaux français, de qualité et tracé, alors même qu’ils sont essentiels aux productions animales. Surtout, à l’heure où la rotation des cultures et la diversification des assolements sont plébiscitées, il conviendrait que dans ce pays enfin, un Ministre quel qu’il soit comprenne qu’il ne peut y avoir de production sans débouché qu’il soit local, régional, national ou européen. Alors ras le bol d’inscrire les objectifs d’incorporation dans une surenchère baissière et n’encourageons pas la production de biodiesel à base d’huile palme au détriment de nos productions oléagineuses françaises
  2. Accompagner l’émergence de projets avec le soutien de la BPI et en favorisant quand cela est possible les partenariats publics / privés ou en renforçant l’attractivité de certains dispositifs favorables à l’investissement
  3. Reconnaitre aux Instituts techniques la place qui est la leur en termes d’expertises et en faire des interlocuteurs incontournables
  4. Accompagner les politiques en faveur de la formation des hommes et de la recherche scientifique en utilisant bien mieux les dispositifs européens

En résumé, sacrifier les financements liés à la recherche et au développement est une manière rapide de faire des économies tout en évitant les soucis immédiats. Mais c’est aussi sacrifier notre avenir. Ce que nous refusons.

Mes chers amis, à la FOP comme ailleurs dans les AS ou les FD, nous avons envie d’entreprendre et envie d’être acteurs économiques dans notre pays et auteur de son équilibre social et territorial. Si nous avons du pétrole vert, nous avons aussi des idées et des projets. Nous voulons une agriculture qui nourrisse les Hommes et fasse grandir la France. Si nous sommes là, c’est pour le clamer et haut et fort et dire aussi que cela ne peut être possible qu’avec un syndicalisme puissant car unitaire.

Alors Xavier, je te réaffirme, au nom de la FOP et des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, tout notre soutien et notre confiance et sache que l’on sait pouvoir compter sur toi comme tu sais pouvoir compter sur nous.

 

Seul le discours prononcé fait foi

 

CEPP : publication du décret instaurant les Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires

Le décret d’application de l’ordonnance sur la mise en oeuvre du dispositif expérimental des CEPP est paru au Journal Officiel du 26 aôut.

Ce texte diffère du projet soumis à consultation publique en avril dernier, qui avait été fortement modifié par rapport à la version initiale suite aux travaux menés par la profession. A noter cependant que nos demandes pour réduire le montant de la pénalité forfaitaire n’ont pas été entendues.

Le décret mentionne :

  • le caractère expérimental du dispositif, applicable du 1er juillet 2016 au 31 décembre 2021
  • les produits concernés : les produits phytopharmaceutiques des traitements de semences, des produits de biocontrôle et des produits utilisés exclusivement dans le cadre de la lutte obligatoire
  • la notification à chaque obligé, avant le 31/12/16, de sa référence des ventes, sur la base de la moyenne olympique de ses ventes, exprimées en NOmbres de Doses Unités, pendant les 5 années précédentes (ou à partir de la moyenne de ses ventes sur un nombre d’années moindre s’il ne dispose pas pas de 5 ans d’historique)
  • l’obligation qui incombe à chaque obligé : détenir en 2021 un nombre de certificats (CEPP) égal à 20% de sa référence des ventes
  • la prise en compte de 4 critères pour l’attribution d’une valeur en CEPP à chaque action standardisée : potentiel de réduction de l’usage et de l’impact en PP, facilité de mise en oeuvre, bilan économique et potentiel de déploiement
  • la publication d’un bilan chaque année avant le 1er juillet, avec nombre de certificats obtenus par action standardisée, taux de couverture des obligations par les certificats délivrées et bilan de l’ensemble des certificats obtenus pour l’ensemble des obligés et des éligibles
  • la pénalité forfaitaire de 5 € par CEPP manquant dont devront s’acquitter les obligés n’ayant pas rempli leur obligation, lors de l’évaluation de 2020

D’autres textes devront maintenant être publiés : la méthodologie de calcul et la valeur des doses unités de référence de chaque substance active, les actions standardisées et la méthodologie permettant de les évaluer et de leur attribuer une valeur en CEPP.

Vers un plan de soutien au secteur des grandes cultures

Faisant suite à la rencontre entre les représentants d’ORAMA et le ministre de l’Agriculture confirmant la situation de crise traversée par le secteur, le Gouvernement prend acte de cette crise et annonce un plan de soutien au secteur d’ici le début de l’automne.

Arnaud Rousseau, Philippe Pinta et Daniel Peyraube ont rencontré Stéphane Le Foll mardi 26 juillet afin de présenter la situation difficile du secteur des grandes cultures. La situation est contrastée selon les régions mais s’annonce catastrophique dans certains secteurs touchés par les mauvaises conditions climatiques. Les récoltes suivent leur cours mais font d’ores et déjà apparaître de très mauvais rendements notamment en céréales à paille et en protéagineux dans un certain nombre de régions. Ces mauvais rendements conjugués à une qualité déficiente (poids spécifique et calibrage notamment) et à la faiblesse des prix ne couvriront pas les coûts de production. La situation est d’autant plus difficile que pour un certain nombre de producteurs les difficultés se cumulent depuis 3 voire 4 campagnes. Si une baisse de rendement pouvant atteindre 20 à 25% en moyenne est constatée en céréales, la baisse s’annonce moins prononcée jusqu’à présent en colza.

Les Présidents ont demandé un certain nombre de mesures d’assouplissement des règles existantes et de mesures d’urgence afin notamment de permettre aux producteurs de lancer le nouveau cycle de production et de faire face à leurs obligations. Les demandes ont notamment porté sur des mesures de trésorerie (prêts avec demande de cautionnement par la BPI), la reconnaissance de l’ensemble des zones touchées en catastrophe naturelle (ou force majeure) qui permet d’activer nombre de dispositions dérogatoires dans le cadre de la PAC, la prise en compte des aspects qualitatifs au regard de l’assurance climatique, la confirmation du versement des soldes PAC au titre 2015 et d’avances à hauteur de 90% des montants 2015 au titre de 2016 d’ici la mi-octobre, des mesures fiscales (TFNB, réintégration DPA, dégrèvements… et sociales (option n-1, prises en charges et reports de cotisations… Ce fut également l’occasion de demander l’assouplissement des obligations de CIPAN dans les zones vulnérables pour les nitrates, ainsi qu’un moratoire sur les normes phytosanitaires et la simplification de la PAC. Les présidents ont également rappelé dans ce contexte ce que serait l’incompréhension des producteurs de grandes cultures d’une éventuelle augmentation des prélèvements au titre du paiement redistributif.

Ce mercredi 27 juillet, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a présenté une communication lors du Conseil des ministres qui s’est tenu au Palais de l’Elysée. Les Pouvoirs publics prennent acte de la situation catastrophique rencontrée dans certaines zones de grandes cultures et annoncent un plan de soutien pour le début de l’automne. D’ici là, le Gouvernement confirme l’accès pour les céréaliers à un certain nombre de mesures prévues dans le cadre du plan de soutien annoncé fin 2015 pour l’élevage (année blanche, cautionnement BPI, dégrèvements… ). Il insiste particulièrement sur la notion de catastrophe naturelle et de force majeure pour les zones concernées qui permettent d’ouvrir (dégrèvements…) et de maintenir les droits des producteurs (aides PAC…). Des assouplissements de procédure seront également mis en œuvre (remboursement mensuels de TVA) de même que la possibilité de demander des dérogations (CIPAN zones vulnérables)…

En revanche le ministre n’a pas encore apporté de réponse quant à sa position en matière de paiements supplémentaires aux premiers hectares de chaque exploitation (paiement redistributif) pour 2017 que nous lui demandions de ne pas augmenter.
La FOP et ORAMA (AGPB, AGPM, FOP) prennent actes de la reconnaissance par les Pouvoirs publics des difficultés importantes, voire des situations catastrophiques, auxquelles font face les producteurs de grandes cultures et de l’annonce d’un plan de soutien pour le secteur à l’automne. Ce plan devra être à la hauteur de la crise traversée et de l’ambition nationale pour le secteur des grandes cultures.

A noter que début septembre une nouvelle réunion est prévue avec le ministère pour travailler à ce plan de soutien prenant en compte l’ensemble des résultats de la récolte.

Télécharger le compte-rendu du Conseil des Ministres : Partie agricole du compte rendu du Conseil des ministres du 27 juillet au Palais de l’Elysée

Marché mondial des oléagineux

  • Récolte mondiale 2016/2017 d’oléagineux attendue en hausse de 4%
  • Le tournesol progresserait de 8% à 45,3 MnT atteignant un nouveau record
  • Le colza, en repli en Chine, dans l’UE et en Ukraine, régresserait une nouvelle fois, à 63 MnT
  • Bilans mondiaux déficitaires en colza
  • Envolée des cours du tourteau de soja qui entraine les autres tourteaux et les graines de soja
  • En France le rapport de prix colza/céréales est favorable au colza

I. Production mondiale d’oléagineux en hausse de 4%

Après la baisse enregistrée en 2015/16, la production mondiale d’oléagineux devrait en 2016/2017 retrouver un niveau tendanciel, voisin du record d’il y a 2 ans, à 531 MnT, soit une hausse de 4% (18 MnT) sur l’an passé.

Toutes les productions sont attendues en hausse, à l’exception notable du colza dont la récolte est en repli pour la 3eme année consécutive.

prod mondiale ol. juil16

 

  • Soja

La campagne 2015/2016 a été caractérisée par une nouvelle très bonne récolte de soja aux USA à l’automne 2015 et une récolte moins bonne que prévue dans l’hémisphère Sud au printemps 2016. Alors qu’on attendait une nouvelle progression en Amérique du Sud, la production argentine a souffert d’importantes inondations. La récolte 2016 est ainsi en repli de 5 MnT en Argentine (55 MnT) et stable au Brésil (97 MnT). Au total, la récolte mondiale de soja n’est, en 2015/2016, que de 314 MnT (-2,4%).

Pour 2016/2017, les surfaces semées en soja aux USA sont en très légère hausse et les conditions climatiques et sanitaires permettent, pour l’instant, d’espérer une récolte stable à 106 MnT.
En Chine, les surfaces en soja remontent après la baisse de l’an dernier et la production pourrait être un peu en deçà de 12 MnT (contre 10,5 l’an passé)
Sur la base d’emblavements qui progresseraient eux aussi légèrement en Amérique du Sud et de conditions climatiques « normales » la production mondiale de soja en 2016/2017 pourrait croitre de 4% à 325 MnT.

prod mondiale soja juil16

 

  • Colza

En 2016 la production de colza est à nouveau en repli, à 63 MnT, en recul de 4% (2,4 MnT) par rapport à l’an passé et près de 10% inférieure à la récolte record de 2013.

Dans l’UE, surfaces en baisse et mauvaises conditions climatiques handicapent la récolte qui est pour l’instant estimée à 21,2 MnT, en recul de 5% sur 2015 et à 3 MnT en dessous de la récolte record de 2014.
Au RU et en Pologne les surfaces ensemencées en colza ont reculé de plus de 10%.
Mais ce sont surtout les conditions très humides du printemps 2016 qui pèsent sur les rendements et les productions.
Ainsi en France, les surfaces en colza sont en très légère hausse (+20 000 ha à 1,5 MnHa), mais les PMG sont faibles et les rendements sont attendus en baisse, ce que confirment les premières coupes. Terres Inovia indique que l’hygrométrie très élevée a favorisé l’apparition de maladies de fin de cycle (cylindrosporiose, sclérotinia, …), le développement de nombreux ravageurs (altise, CBT, ..) et un salissement important. Les dernières estimations du SSP, au 1er juin, étaient d’un rendement moyen de 33,9 Q/ha permettant de produire 5,1 MnT. Mais il est à craindre que ces estimations soient revues à la baisse.

En Ukraine, les colzas ont souffert du gel et la production est estimée en recul de près de 500 000T à 1,380 MnT.

En Chine, le colza continue de régresser. En 5 ans la sole en colza a reculé de 30% passant de 7,2 MnHa à seulement 5 MnHa cette année. La production 2016 est estimée à 8,5 MnT, à comparer aux 13 MnT de 2011.
Peu d’évolution au Canada où les surfaces sont stables et la récolte attendue à 17,2 MnT.

A l’inverse les surfaces emblavées pour cette campagne sont attendues en hausse en Inde et en Australie, permettant, si les conditions sont favorables une hausse des productions.

prod mondiale colza juil16

 

  • Tournesol

En 2016/2017 la production mondiale de tournesol pourrait atteindre un nouveau record, à plus de 45 MnT, en hausse de 8% sur l’an passé et 1,7 MnT au-dessus du précédent record de 2013.

Les emblavements de tournesol devraient progresser de plus d’un million d’hectares, principalement dans les pays de l’ancien bloc soviétique. La progression est de 200 000 ha en Russie (à 6,9 MnHa) et de 600 000 Ha en Ukraine (à près de 6 MnHa) où une partie du tournesol a remplacé le blé qui n’avait pas pu être semé à l’automne en raison de conditions trop sèches. Les conditions étant bonnes jusqu’à présent, on anticipe en Ukraine record de 12,5 MnT voire plus, bien au-delà du précèdent record de l’an passé.

Dans l’UE, après la baisse de l’an passé la production est attendue en hausse, à 8,4 MnT soit 11% au-dessus de 2015 mais bien en dessous du record de 2014 (9 MnT). Les surfaces sont en hausse dans les EM d’Europe centrale (sauf Roumanie) et les rendements sont attendus en hausse.
En France par contre, les surfaces en tournesol continuent de chuter, à 587 000 ha. Terres Inovia indique que beaucoup de parcelles sont hétérogènes en stade et peuplement et qu’il y a par endroits des attaques de pucerons.

En Argentine, la conjoncture est favorable au tournesol où une forte hausse des surfaces est attendue (+25%) à 3,6 MnHa.

En 2016, la sole française en tournesol pourrait être à nouveau être en repli et la part de l’oléique (65% en 2015) devrait continuer à s’accroitre.

prod mondiale tournesol

 

  • Huile de palme

Après une longue période de croissance ininterrompue la production mondiale d’huile de palme est en repli, principalement du fait des sècheresses en Malaisie et Indonésie engendrées par El Nino.

prod mondiale palme juil16

 

II. Des bilans mondiaux déficitaires en colza

En soja, la récolte devrait être bonne et s’ajouter à des stocks début de campagne déjà élevés. Néanmoins, la demande est particulièrement vigoureuse, soutenue par les besoins croissants de l’élevage porcin en Chine, et devrait conduire à une réduction des stocks fin de campagne à 76 MnT, soit 12 semaines de consommation.

sotcks prod conso soja juill16

En colza, pour la 3eme campagne consécutive, le bilan est tendu car la production de l’année est insuffisante pour couvrir la consommation et une nouvelle réduction des stocks est attendue. En fin de campagne ils pourraient n’être que de 4,8 MnT, leur plus bas niveau depuis 10 ans.

stocks prod conso colza tournesol juill16

En tournesol, le bilan mondial pourrait être légèrement excédentaire, entraînant un alourdissement relatif des stocks fin de campagne, à 3,1 MnT.

 

III. Tendance baissière sur les prix

Après une chute quasi sans interruption depuis 2013, les cours des tourteaux ont fortement progressé depuis mars 2016, entrainés par le tourteau de soja.
Les inondations en Argentine sont à l’origine de cette hausse, amplifiée par l’action des fonds spéculatifs, puis relayée par les craintes de sécheresse aux USA conséquence de la Nina.

Entre mars et juin 2016, le tourteau de soja a ainsi progressé de 43%, à 430 $/T Dans son sillage, le tourteau de colza a progressé de 20% et le tourteau de tournesol HiPro de 40%.

Sur le marché des huiles, très lié aux variations de cours du pétrole, l’offre d’huile de palme malaisienne est meilleure qu’attendue et pèse à nouveau sur les cours.

nord europe juill16

nord europe graines juill16

Coté graines, le soja, entrainé par l’envolée du tourteau et la demande chinoise croissante a progressé de 22% entre mars et juin, à 457 $/T Caf Rotterdam. Hausse qui ne s’est pas répercutée sur les cours mondiaux des graines de colza et tournesol.

Sur la fin de campagne, les marché français sont calmes voire atones.
Avec un colza à 357 €/T et un tournesol à 370 €/T, les cours des oléagineux rendu usine France restent 10% au-dessus des moyennes des 15 dernières années (colza à 326 et tournesol à 335 €/T), ce qui n’est pas le cas des céréales.
Ainsi le rapport de prix colza/blé, qui est de 2,1 en moyenne 01/16, évolue ces dernières semaines entre 2,4 et 2,6, ce qui accroit la compétitivité du colza face au blé.

colza tournesol usine juill16

rapport prix colza blé juill16

 

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