Le mot du président - 28 Fév 2019

Des protéines européennes pour les Européens

Voici un paradoxe sur lequel il convient de méditer : 70 % des besoins en protéines des Européens sont importés – essentiellement des sojas OGM issus du continent américain – alors que les consommateurs européens plébiscitent notre production végétale sans OGM.

Nous avons donc besoin d’un ambitieux plan protéines. C’est un enjeu décisif ! Parce que, chacun le mesure, la protéine est essentielle à l’alimentation humaine et à la nutrition animale : le corps humain a besoin d’un apport régulier de protéines, qu’elles soient d’origine animale ou végétale.

Parce que, et c’est moins connu, la rotation des cultures, c’est-à-dire l’alternance sur un même sol de plantes différentes, permet de réduire les traitements phytosanitaires, de mieux assurer la fertilité des sols, et constitue une réponse à la biodiversité.

C’est un enjeu dont le Président de la République a pris la mesure en portant l’ambition d’un plan protéines pour la France et l’Europe lors de l’inauguration du Salon International de l’Agriculture samedi à Paris et en reconnaissant la valeur et la force d’entrainement des filières organisées pour notre agriculture et nos territoires.

Nous attendions l’affirmation de cette ambition avec impatience. Et, nous sommes prêts à avancer dans cette direction, car l’agriculture française souffre. Il faut maintenant permettre aux agriculteurs de notre pays de concrétiser cette ambition et les aider à donner – enfin ! – corps à ce projet collectif. Une partie dépend de nous, Français, et de nous seuls : il faut réinsuffler de la confiance. Nous partons de loin.

La désertification et l’isolement, les agriculteurs les connaissent. La baisse du revenu disponible, ils la vivent. La déconsidération, ils en souffrent. Il faut sortir de ce climat paralysant de l’agribashing et retrouver l’envie d’avancer comme la foi dans l’avenir.

Un premier pas vient d’être fait avec les déclarations du Président de la République lors de sa visite au Salon de l’Agriculture. Mais une autre partie de la solution dépend de l’Union européenne : pour réussir, il faut rassembler les Etats membres sur une vision politique partagée, allouer des moyens dans le budget de la politique agricole commune.

Il faut également mobiliser en France le grand plan d’investissement pour structurer la production de protéines. L’objectif est de faciliter la rechercher et l’innovation, la logistique et le stockage, ainsi que le développement des filières agricoles et industrielles.

Nous, agriculteurs, savons qu’il ne peut y avoir de politique agricole sans une ambition assumée avec courage et détermination. Cette ambition, c’est aujourd’hui la souveraineté de la France et de l’Europe face aux grandes puissances qui selon les termes du Président de la République « n’hésitent plus à imposer des stratégies agressives ». Nous avons besoin pour y répondre d’un soutien net de la PAC et des politiques publiques nationales en faveur des protéines végétales. Ainsi, nous répondrons aux besoins de la France et de l’Europe en participant à la souveraineté alimentaire et au grand dessein de la transition écologique.