Publications - 13 Mai 2016

FOP EXPRESS N°52

 

g_tuberyAides couplées : verre à moitié plein ou verre à moitié vide ?

Alors que le Ministre de l’Agriculture vient de rendre public le montant des aides couplées pour les légumineuses, il faut avoir la franchise de dire que le compte n’y est pas totalement.

Les producteurs recevront 200 €/ha de protéagineux au titre de la récolte 2015. J’y vois un signe positif pour nous qui avions fait du combat contre la spirale infernale de la baisse des surfaces un axe majeur de notre mobilisation. Il y avait en effet urgence car les protéines végétales sont un véritable défi à relever.  Au-delà de leurs atouts environnementaux et de perspectives prometteuses, nous étions confrontés à un réel manque d’attrait pour ces cultures du fait notamment d’une absence de compétitivité notoire.

Rappelons que nous avons obtenu de la Commission la possibilité de mettre en place une aide couplée, possibilité déclinée en France à travers la fixation d’une enveloppe  spécifique même si elle est loin d’être mirifique. Nous avons aussi obtenu la fixation d’un montant minimal en fonction des surfaces cultivées et aussi que ce montant puisse être complété en vertu du principe de la fongibilité.

Si j’approuve donc la logique dans laquelle s’inscrit cette aide aux protéagineux, je dénonce par contre le montant de l’aide accordée au soja. Alors qu’elle s’inscrivait dans cette même logique et devait permettre d’espérer une aide de l’ordre de 100 €/ha, le ministère nous annonce 58 €/ha. Quelle déception pour les producteurs ! Et quelle faute pour le ministère !

Le besoin en soja français, tracé et de qualité, est de plus en plus fort. C’est une bonne nouvelle pour nous qui nous sommes battus  là aussi pour obtenir son éligibilité au niveau européen ; nous qui estimons que le soja a une vraie place en France et que ne pas encourager cette culture, c’est ni plus ni moins que d’hypothéquer grandement l’avenir. En effet, comment peut-on imaginer être réellement indépendant en refusant d’être en capacité de produire du soja ? Et comment imaginer développer cette culture durablement et de façon pérenne sans en accompagner l’essor ?

Certes, dans tous secteurs économiques, il y a une part de risque. Nous l’assumons au quotidien nous qui sommes des chefs d’entreprises  soumis aux aléas de la nature. Mais nous savons aussi que cette prise de risque doit être encadrée. Cela passe notamment par deux conditions incontournables.

Tout d’abord la maitrise des débouchés ce qui implique une organisation collective, seule à même de pouvoir peser. Dans ce cadre, avec l’interprofession, Sofiprotéol et  Avril, de nombreuses initiatives ont été prises comme l’illustrent par exemple notre implication dans la recherche et le développement,  dans la structuration des filières ou encore dans notre volonté d’apporter des réponses à l’alimentation animale.

Ensuite un accompagnement réel par les Pouvoirs publics le temps de pouvoir se confronter de façon optimale à la compétitivité du marché dans lequel nous nous inscrivons. Or ici, le montant de l’aide décidé ne répond nullement à l’importance des enjeux.

Voilà pourquoi j’estime indispensable que le Ministre revoit très rapidement son annonce en (dé)faveur du soja sous peine de voir les assolements durablement s’effondrer. Ce chantier est entier, il doit être pris avec un vrai sens des responsabilités inhérentes au mandat que l’on assume. Ou pas.

Gérard TUBERY


1. Evolution du point d’huile : explications et positionnement des différents acteurs de la filière oléagineuse

La FOP mais également le réseau des FDSEA/FRSEA ont été fortement interpellés, directement ou indirectement, par de nombreux producteurs, OS ou encore concurrents syndicaux sur la question de l’évolution du point d’huile.
Rappelons ici les orientations et positionnement des différents acteurs de la filière oléagineuse sur le sujet.

Point d’huile et répartition de la valeur ajoutée

L’évolution initiée par Saipol (filiale du groupe Avril assurant la trituration des graines et la production de Diester) vise à modifier le « paiement de la qualité » des graines de colza au regard de leur teneur moyenne en huile. Il s’agit ainsi de passer les achats de graines sur la base d’une teneur de base en huile de 42% et non plus de 40% afin de se rapprocher de l’évolution des taux d’huile des colzas livrés aux triturateurs et de la réalité du marché (valeur intrinsèque de la graine).
Rappelons qu’en en France, pour le colza, chaque point d’huile au-delà de 40 est rémunéré 1,5% du prix d’achat par l’acheteur final. Le 1,5% correspond à la valorisation d’une moyenne historique sur 10 ans (dans les années 1990) de la différence entre la rémunération de la protéine (tourteaux) et de la rémunération de l’huile.

La FOP affirme ses conditions

Au regard de cette décision d’une réelle sensibilité pour les producteurs qui craignent qu’elle ne se traduise par une baisse du prix de la graine donc une perte de revenu, la FOP (Fédération des producteurs d’oléagineux et protéagineux) « conditionne sa mise en œuvre au fait que toute évolution des modalités de paiement ne se fasse pas au détriment des vendeurs de graines, ce qui signifie qu’elle doit être neutre pour les producteurs ».
A l’issue de la réunion de son Conseil d’administration, la FOP demande en ce sens qu’il  « y ait une compensation intégrale par Saipol du changement des modalités de paiement des vendeurs de graines qui devra intervenir tant que le marché à terme n’aura pas pris en compte une référence 42 ». Parallèlement, la FOP fait savoir qu’elle mandate ses représentants au sein d’Avril pour veiller à la bonne exécution de ces exigences et entend demander à l’interprofession d’ouvrir un débat en son sein sur la répartition de la valeur ajoutée dans la filière avec des points d’étape réguliers.

Saipol garantit une compensation intégrale du changement de paiement de base

Autant de conditions et demandes auxquelles Saipol répond favorablement dans un courrier du 19 avril destiné aux organismes stockeurs afin de clarifier sa démarche. Saipol apporte les explications propres à sa décision et confirme son engagement d’une compensation intégrale de la différence dans les contrats d’achat base 42 % par rapport à la base 40 % (soit 2 points d’huile équivalant à 3 % du prix de la graine tel qu’appliqué aujourd’hui sur Euronext) jusqu’à la prise en compte de la nouvelle référence par le marché à terme. Il n’y aura ainsi aucune baisse de rémunération pour les vendeurs. Par ailleurs, le courrier de Saipol à ses fournisseurs confirme sa disponibilité au débat interprofessionnel tel que souhaité par la FOP. Rappelons que Coop de France, s’est également engagé en ce sens. Chacun des acteurs ayant ainsi à cœur de privilégier la concertation, valeur fondamentale qui a toujours prévalu au sein de la filière oléagineuse.

Des réunions d’informations tripartite : producteurs, organismes stockeurs, Saipol

Après s’être assurée de la neutralité de cette évolution quant à la rémunération des graines, la FOP a notamment décidé d’organiser des réunions d’information et échanges – producteurs, organismes stockeurs et Saipol – sur le sujet.

Une réunion à laquelle ont été conviés l’ensemble des Présidents des FDSEA/FRSEA ainsi que des représentants de Coop de France métiers du grain et de Saipol est prévue à Paris- 11 rue de Monceau-75008 le mardi 17 mai (10h-13h).

2. Avance de Trésorerie Remboursable 3 et insuffisance de l’aide couplée soja

Le Ministère de l’agriculture a publié un décret le 22 avril concernant la troisième avance de trésorerie remboursable. Cette avance concerne également les aides couplées, l’assurance récolte, les MAEC….

Le décret fixe les montants des aides couplées à l’hectare qui serviront de base à l’octroi de l’avance. Ces montants ne correspondent pas obligatoirement au niveau définitif des aides qui seront versées après vérification des dossiers et finalisation des discussions sur la fongibilité des enveloppes.
Pour le secteur oléoprotéagineux, les montants annoncés de l’aide couplée prennent notamment en compte les notifications réalisées par la France le 1er août 2014. Les montants de bases affichés pour l’octroi des avances sont :

– Protéagineux : 200 €/ha
– Légumineuses fourragères : 150 €/ha
– Légumineuses fourragères destinées à la déshydratation : 150 €/ha
– Soja : 58 €/ha
– Semences de légumineuses fourragères : 200 €/ha

Les montants proposés correspondent aux plafonds maximum notifiés à Bruxelles sauf pour le soja. Rappelons que les aides couplées surfaces étaient définies dans le cadre de fourchettes de montants et d’une surface maximale définie. Contrairement à ce qui était envisagé, ces surfaces maximum ne correspondent pas à la moyenne 2010 à 2014 mais à la meilleure année entre 2009 et 2013. En effet, on ne pouvait prendre en compte que les 5 ans précédant la notification, qui est intervenue au 1er aout 2014. Les surfaces plafonds notifiées à Bruxelles sont donc :

– Légumineuses fourragères : 958 000 ha
– Protéagineux : 278 376 ha (2011)
– Luzerne déshydratée : 74 000 ha (2012)
– Soja : 49 736 ha (2010)

Pour rappel, les enveloppes initialement annoncées sont :

– Légumineuses 102,6 mio. €
– Protéagineux 33,9 mio. €
– Soja 5,8 mio. €

Pour le soja, le montant annoncé correspond à l’enveloppe initiale pour 100 000 ha. Il n’y a pas eu pour l’instant de fongibilité. Le problème de la fongibilité pour le soja résulte du règlement modificatif qui introduit la fongibilité entre enveloppes de paiements couplés. Ce règlement publié le 4 février 2016 interdit le transfert vers une mesure dont le plafond est dépassé. Alors que suite aux propos du Ministre au dernier Sommet du Végétal qui s’était engagé sur la fongibilité, nous comptions sur 49736 ha touchant 200 €, ces propos n’auraient donc été que partiels, occultant une part du problème soja et ne s’appliquant qu’aux autres productions !

La FOP a très tôt dénoncé l’insuffisance de l’aide couplée soja par voie de communiqué de presse et reste fortement mobilisée pour « que les Pouvoirs publics se ressaisissent très rapidement et corrigent cette ineptie sous peine de voir la culture du soja disparaitre ! »

3. Ecophyto II : le dispositif des CEPP soumis à consultation publique

Particulièrement mobilisée sur le dossier Ecophyto II depuis son origine, la FOP, au sein d’ORAMA et au côté des autres organisations agricoles membres du CAF, défend la mise en place d’un plan pragmatiques et reconnaissant l’ensemble des actions mises en œuvre par les producteurs de grandes cultures. Cette mobilisation s’est traduite par la prise en compte d’une approche plus pragmatique et des indicateurs tels que proposés par la profession lors du dernier Comité National d’Orientation et de Suivi.

Concernant le dispositif relatif aux Certificats d’Economies en Produits Phytosanitaires (CEPP), des avancées ont été obtenues sur ce dispositif afin de le rendre plus opérationnel et d’en limiter les impacts pour les distributeurs et les agriculteurs. Le projet de décret relatif à la mise en place des CEPP est en consultation publique sur le site internet du Ministère de l’Agriculture depuis le 27 Avril. La page internet suivante: http://agriculture.gouv.fr/consultation-du-public-sur-le-projet-de-decret-relatif-la-mise-en-oeuvre-du-dispositif-experimental

précise le contenu de l’arrêté et les modalités d’envoi des observations qui peuvent être transmises au Ministère à l’adresse électronique suivante : bbbqv.sdqpv.dgal@agriculture.gouv.fr en précisant l’objet : arrêté « Consultation du public CEPP ».

Dans le cadre de cette consultation publique, il est important de relayer les positions défendues par l’ensemble des AS végétales au sein d’ORAMA, en déposant une observation reprenant les éléments suivants. Pour rappel, les stricts copier-coller ne peuvent pas être pris en compte.
Dans le cadre du plan Ecophyto II, ORAMA a toujours plaidé pour la mise en place d’un plan qui prenne en compte les bonnes pratiques, reconnaissant les efforts faits par les producteurs de Grandes Cultures ainsi que la réduction des impacts liée à l’utilisation des produits phytosanitaires. Aussi, ORAMA reste toujours fermement opposé à la fixation d’objectifs arbitraires et stricts de réductions d’utilisations.
En premier lieu, ORAMA souhaite fortement insister sur le caractère expérimental du dispositif des CEPP sur les 5 prochaines années, qui devra permettre d’ajuster au fur et à mesure le système, notamment sur la base des bilans annuels réalisés et des retours d’expériences des différents acteurs impliqués.
Les dispositions actuelles prévues dans le projet de décret soumis à la  consultation publique reprend de nombreux points qui ont été portés par la profession dont il convient d’obtenir la consolidation finale comme :
1. L’indicateur d’évaluation des obligations se basant sur le nombre de certificats d’économie de produits phytosanitaires émis.
2. La méthodologie de la définition des obligations.
3. Les quatre critères qui permettront d’évaluer les fiches actions, en particulier leur potentiel de déploiement et leur bilan économique.
Cette expérimentation, dont le début est prévu au 1er Juillet 2016, devra se mettre en œuvre progressivement afin de laisser le temps aux fiches actions d’être publiées, de former les acteurs sur le terrain…

Considérant qu’il s’agit d’une expérimentation et des répercussions possibles pour les agriculteurs, ORAMA reste opposé à la pénalité financière proposée à hauteur de 5€ par nombre de certificats manquants.

Enfin, concernant la publication du bilan annuel, ORAMA demande que la communication faite notamment sur le bilan des certificats obtenus reste bien globalisée pour l’ensemble des obligés et des éligibles et qu’aucune information publique individuelle ne soit publiée.

4. Projet de loi biodiversité

Le Sénat a examiné en seconde lecture le projet de loi relatif à la Biodiversité. Comme elle le fait depuis le processus du début législatif, la FOP et ses administrateurs sont intervenus auprès des sénateurs et ont été particulièrement vigilants par rapport aux évolutions du texte.

Concernant les Variétés Tolérantes aux Herbicides (VTH), un amendement écologiste demandant la « suspension de la culture de semences de colza et tournesol tolérantes aux herbicides issues de la mutagénèse » a de nouveau été déposé dans le cadre de l’examen du texte par la Commission de l’aménagement du territoire du Sénat. Cette proposition d’amendement visant à insérer un article additionnel dans le cadre d’une seconde lecture a été jugée irrecevable par la Commission du Sénat conformément au règlement.

Concernant les néonicotinoïdes, la FOP a demandé aux sénateurs de soutenir l’amendement qui rétabli le compromis trouvé lors de l’examen du projet de loi en séance publique au Sénat en première lecture. Ce compromis s’appuie sur les recommandations de l’ANSES mais aussi sur les réalités des pratiques agricoles.
En effet, les recommandations de l’ANSES en tant que tel, sans tenir compte des réalités économiques et des pratiques agricoles, pourraient tout simplement conduire à une perte nette de biodiversité, allant donc à l’encontre de ce projet de loi. Ainsi, suivre ces recommandations à la lettre pourrait remettre en cause la rotation des cultures, et tout particulièrement le positionnement de colza ou de tournesol au sein des rotations.
L’interdiction de tous les néonicotinoïdes, sans avoir trouvé au préalable de solutions alternatives pour lutter contre certains ravageurs, aurait un impact considérable sur les rendements. Aussi, la FOP privilégie le maintien de la rotation des cultures et d’un panel de solutions techniques diversifiées afin de limiter le développement des résistances, ainsi que l’échange et la diffusion de bonnes pratiques plutôt qu’une interdiction pure et simple.
De plus, une étude réalisée sur les abeilles par le CNRS, l’INRA, Terres Inovia et l’ITSAP démontre l’existence d’un effet de l’exposition au Thiamethoxam à l’échelle de l’individu mais pas de répercussions à l’échelle de la colonie et de son fonctionnement.

Les sénateurs ont débattu de ce sujet dans la soirée du jeudi 12 mai. Ils ont adopté les mesures suivantes :

– avant le 31/12/2016, l’ANSES établit un bilan bénéfice/risque de l’usage des néonicotinoïdes en comparaison avec les alternatives possibles. Ce bilan doit prendre en compte les impacts sur l’environnement, dont les pollinisateurs, sur la santé publique, l’activité agricole et les risques d’apparition de résistances
– avant le 01/07/2018, sur la base de ce bilan, l’ANSES interdit les néonicotinoïdes quand une alternative avec un meilleur bilan existe
– à partir du 01/08/2018, l’ANSES est chargée de continuer d’évaluer l’existence de nouvelles alternatives et d’interdire les néonicotinoïdes dès lors que ces nouvelles alternatives disposent d’un meilleur bilan

Ces dispositions ont été votées contre l’avis du gouvernement, qui souhaitait qu’une date d’interdiction générale figure dans le texte.

Une commission mixte paritaire composée de 7 députés et 7 sénateurs se réunira prochainement afin de parvenir à un texte de compromis sur l’ensemble du projet de loi.

5. Actualités européennes : les évolutions de la PAC à venir

La PAC, réformée en 2013, se met difficilement en marche en France depuis le 1er janvier 2015 en raison des difficultés liées notamment aux nouvelles règles d’éligibilité des parcelles qui n’ont pas encore permis de déterminer les droits à paiement de base dont disposent chaque exploitation. 2016 constitue une étape annuelle un peu plus importante que les autres car les États membres peuvent modifier certaines des décisions prises lors de l’entrée en vigueur du nouveau régime et, en particulier, les décisions en matière de paiements couplés.
Rappelons que chaque année, avant le 1er août, les États peuvent modifier leurs décisions en matière de paiement redistributif ou de prélèvement pour financer l’installation des jeunes. Ils peuvent également mettre en place certaines possibilités offertes au titre du règlement sur le verdissement qu’ils n’ont pas encore utilisé telles pour la France, la gestion collective des SIE.
La question du paiement redistributif revêt un caractère particulier en 2016. En effet, le processus de mise en œuvre français prévoyait un rapport avant toute poursuite de la montée en puissance de ce paiement. Pour les grandes cultures, il n’est pas envisageable d’avoir une nouvelle progression à compter de 2017, le maintien du niveau atteint en 2016, soit 10%, est un minimum à défaut de pouvoir revenir à un taux de 5% tel que demandé par ORAMA.
Au-delà de ces évolutions possibles (et de celles déjà annoncées et qui ne seront pas remises en cause d’ici la fin de période à moins d’un mi-parcours européen substantiel tel les étapes annuelles de convergence), les États membres peuvent modifier en 2016, pour les années suivantes, les modalités et le niveau de mise en œuvre des paiements couplés. En cette période de crise du secteur agricole, les marges de manœuvre, sont restreintes en la matière en France. Les 13% de l’enveloppe nationale, très largement en faveur de l’élevage sont intégralement mobilisées et l’enveloppe protéines végétales limitée à 2% est également en passe de l’être. A cette occasion, la FOP intervient auprès des pouvoirs publics afin que les modalités de l’aide au soja prennent mieux en compte la réalité de la production et de l’ambition initialement affichée en matière de plan protéine et de développement d’une filière française.
Enfin, au niveau communautaire, de nouvelles évolutions pourraient être envisagées avec des rapports attendus de la part de la Commission européenne. Dans le cadre de la simplification, un an après l’entrée en vigueur de la PAC réformée, un rapport sur la mise en œuvre du verdissement est attendu pour l’été, éventuellement assorti de propositions. De même, d’ici la fin de l’année, la Commission européenne doit remettre un rapport d’étape sur les perspectives financières et leur évolution courant jusque fin 2020. Ce rapport visait, dans le cadre d’une amélioration de la situation économique et financière au sein de l’Union européenne, une clause de « bonne fortune » permettant d’accroître l’effort des fonds structurels. Rien n’est aujourd’hui moins sûr mais la question de l’évolution des priorités européennes (immigration, investissement et emploi…) sera au cœur du débat après le référendum du 23 juin en Grande Bretagne concernant le maintien, ou non, du royaume au sein de l’Union européenne.

6. Union Européenne et commerce

En panne de croissance interne, l’Union Européenne est aujourd’hui à la recherche de nouveaux débouchés à même de stimuler la production et son développement. Cela passe par l’amélioration de la compétitivité interne mais également par l’amélioration des conditions d’accès aux marchés de nos partenaires commerciaux, sans remettre pour autant en cause nos propres productions et le niveau de réponses aux attentes sociétales en place en Europe (normes, hormones, sécurité sanitaire, bien-être animal, OGM…).
La discussion multilatérale dans le cadre de l’OMC a longtemps été la priorité de l’Union Européenne, mais force est de constater qu’il est difficile de progresser dans ce forum regroupant plus de 160 pays aujourd’hui. Une nouvelle orientation est prise s’appuyant sur des avancées par petits pas au niveau multilatéral, sans attendre un accord global, à l’image des progrès réalisés lors des conférences ministérielles de Bali en 2013 et Nairobi en 2015. Au Kenya, les membres de l’OMC se sont accordés sur la concurrence à l’exportation entérinant notamment la fin des soutiens à l’exportation sous forme de restitutions et l’introduction de disciplines sur les crédits à l’exportation. Dans ce contexte l’Union Européenne a basculé sur la multiplication d’ouverture d’accords de partenariat ou de libre-échange avec différentes parties du monde.
Au-delà d’une approche idéale où l’on négocierait des accords gagnants-gagnants, les intérêts des agriculteurs européens et français sont en situation de risque au regard des contreparties que l’Union devra accorder à ses partenaires d’autant plus que les discussions actuelles concernent d’importants pays agricoles exportateurs. L’accord avec le Canada (CETA) est en cours de ratification après une dernière modification intégrant le nouveau régime de règlement des différends entre les entreprises et les États. Les discussions battent leur plein avec les États-Unis (TTIP=TAFTA) avec une ambition affichée de part et d’autre de l’Atlantique de conclusion avant la fin 2016. Le compte n’y est cependant pas et des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander l’interruption de négociations dont les résultats paraissent déséquilibrés, au détriment d’agriculteurs européens devant déjà faire face à une situation économique difficile et qui ne sont pas prêts à pouvoir encaisser une nouvelle concurrence débridée. Les enjeux vont largement au-delà des seules questions agricoles, ces négociations concernant l’ensemble des échanges de biens et de services mais aujourd’hui c’est bien le modèle européen d’agriculture qui est en jeu. Des garanties de pérennité et de respect des efforts faits doivent être obtenus alors que les négociations, au point mort pendant de nombreuses années, pourraient reprendre de plus belle avec le Mercosur (Argentine, Paraguay, Uruguay, Brésil) avec un échange d’offres tarifaires (réductions de droits de douanes) en cours.
Le programme de travail de la Commission, qui rappelons le dispose de la compétence exclusive de négociation en matière commerciale sur base d’un mandat donné par le Conseil et de l’information du Parlement, est aujourd’hui chargé avec des négociations également ouvertes avec l’ASEAN (Thaïlande, Philippines (lancé en décembre 2015), Vietnam (conclu en décembre 2015) ?…), avec le Japon, en cours de lancement avec Australie et Nouvelle Zélande.

7. Mise en ligne du nouveau site internet de la FOP

Après plusieurs semaines de développement, la FOP vient de dévoiler son nouveau site Internet : www.fopoleopro.com
Fruit de plusieurs mois de réflexions et de développement, ce site poursuit une double finalité. Tout d’abord celle d’apporter aux Internautes des éléments d’information sur l’ensemble des sujets qui ont pour point commun la production, la transformation et la valorisation des graines oléagineuses et protéagineuses. Ensuite celle d’informer les producteurs de la FOP – ainsi que l’ensemble des réseaux dans lesquels ils agissent – des analyses et des prises de position de leur structure syndicale.
Véritable site de référence, chacun pourra découvrir, au-delà de l’actualité de la FOP, les orientations qu’elle défend dans des domaines aussi diversifiés que l’économie, l’environnement, la réglementation, l’actualité législative, les politiques européennes ou internationales, sans oublier non plus la présentation des débouchés, des marchés, des projets et des perspectives qu’offrent les productions oléagineuses et protéagineuses.
Riche en informations, ce site se veut donc une passerelle entre la FOP et le reste de la filière mais aussi un lien étroit entre la FOP, les relais d’opinion et les Pouvoirs publics.
N’hésitez pas à nous transmettre vos remarques et questions par le biais du formulaire de contact.

8. Du côté de la filière

• Avril contraint d’adapter temporairement son activité de production de biodiesel en France en 2016

Le groupe Avril a présenté, mercredi 20 avril, dans le cadre d’un Comité central d’entreprise extraordinaire, un projet de réduction temporaire de ses activités d’estérification en France afin de faire face à une situation économique défavorable tout en préservant l’emploi. Il devrait être mis en œuvre à compter du mois d’août et pour le reste de l’année 2016. Cette réduction impactera les cinq usines d’estérification de Saipol en France : Bassens (Gironde), Grand-Couronne (Seine-Maritime), le Mériot (Aube), Montoir- de-Bretagne (Loire Atlantique) et Sète (Hérault).

Cette réduction s’explique par un contexte extrêmement défavorable tant au niveau économique que réglementaire, sous l’effet « de la surcapacité du marché européen du biodiesel, excédentaire dans un contexte de baisse du prix du gazole et du taux de change euro-dollar, lequel favorise le recours à l’importation par les pétroliers européens d’esters bénéficiant du dispositif de double comptage » (esters méthyliques d’huiles animales et usagées) mais aussi du développement sur le marché européen des huiles végétales hydrotraitées (HVO) pour la production de biodiesel, favorisé par le développement des importations à moindre coût d’huile de palme ».
A ces éléments de contexte défavorables s’ajoutent « la traduction hétérogène par les Etats membres du cadre réglementaire européen relatif à l’application des directives touchant au développement des énergies renouvelables en général et des biocarburants en particulier et le recul de la compétitivité de la graine métropolitaine et européenne, dans un contexte de baisse des récoltes de colza au sein de l’UE. »

Pour le Président de la FOP, Gérard Tubéry, cette annonce amène à insister sur « les risques que font aujourd’hui courir à la pérennité du débouché du biodiesel issu de colza et à l’emploi en France un projet comme celui de Total La Mède et les choix, ou non choix, réglementaires. Or à travers la remise en cause de ce débouché ce sont non seulement notre capacité à valoriser nos productions qui est mise à mal mais également celle de développer nos cultures; Plus généralement, il en va de l’impact de choix politiques qui font fi des réalités concrètes et de terrain »

• Avril a signé avec le groupe Djadi pour la création d’une usine Lesieur en Algérie

Plusieurs accords industriels ont été signés le 10 avril à Alger en présence de Manuel Valls et de son homologue algérien Abdelmalek Sellal, à l’occasion de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Parmi ces accords, le groupe Avril et le groupe algérien Djadi ont signé une lettre d’intention «pour la création d’une usine de sauces condimentaires sous marque Lesieur». Ce projet devrait permettre non seulement de couvrir le marché algérien, mais aussi d’exporter vers l’Afrique subsaharienne

9. Bilan des réunions FOP

• Le Conseil d’administration de la FOP, réuni le 13 avril a été principalement consacré à la question du point d’huile. Après une présentation de la position de Saipol, s’en est suivi un débat au cours duquel les avis et remontées du terrain par rapport à ce sujet ont été largement exprimés. A l’issue de ce débat, une position a été adoptée par le Conseil d’administration, position rendue publique par voie d’un communiqué de presse mais aussi d’une information large auprès du réseau syndical et des producteurs répertoriés dans le fichier producteurs de la FOP. Parmi les autres sujets à l’ordre du jour, il faut citer un point sur la problématique soja ou encore sur l’actualité syndicale et environnementale. De même, ce Conseil fut aussi l’occasion de présenter le nouveau site internet de la FOP. Enfin, l’après-midi a porté sur une première analyse de la PAC jusqu’en 2020 et au-delà.

• La FOP est intervenue dans le cadre de plusieurs réunions organisées par les FDSEA/FRSEA (AG, Conseil d’administration, Sections grandes cultures…) Somme, Pas de Calais, Deux Sèvres, Sarthe, Eure…afin de présenter la filière, le groupe Avril et ses orientations stratégiques ainsi que des sujets d’actualité concernant les facteurs de production (Ecophyto, Néonicotinoïdes).ou la sécurisation des débouchés (Total/La Mède, biodiesel et GNR, etc.), ou bien encore l’enjeu protéines.

10.  Fichier de producteurs – Point de situation

N’hésitez-pas à contacter le service relations terrain de la FOP, Thibaut Ledermann (t.ledermann@fopoleopro.com) pour venir expliquer le dispositif dans vos départements ou régions ou pour avoir des explications.

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11.  Agenda

• Mardi 17 Mai en matinée : Réunion tripartite FDSEA/FRSEA, OS, Saipol sur l’évolution du point d’huile
• Mercredi 18 et jeudi 19 Mai : Conseil d’administration décentralisé de la FOP
• Mardi 14 juin 2016 en matinée : Bureau FOP

 

Dans le cadre des informations sur les plantes riches en protéines, n’hésitez-pas à consulter la 241ème édition de l’Indicateur interprofessionnel de prix du pois protéagineux par Terres Univia, l’Interprofession des huiles et protéines végétales
http://www.terresunivia.fr/sites/default/files/articles/publications/marches/Indicateur_pois_241_26_04_16.pdf